Cyrano de Bergerac au Théâtre Michel

Tout le monde connait Cyrano, son nez, son cap, sa péninsule, son amour silencieux pour Roxane, le beau mais naïf Christian, les poèmes écrits par l’un et dits par l’autre, la scène du balcon, les cadets de Gascogne et leur courage, les tartelettes amandines de Ragueneau…, je ne raconterai donc pas l’histoire mais dirai juste un grand hourra pour cette adaptation très réussie, avec des coupures intelligentes qui ne desservent pas l’intrigue.

La mise en scène d’abord : énergique et virevoltante même pour les duels d’épée, parfaitement chorégraphiés et qui n’empêche pas les comédiens de se battre tout en déclamant leurs alexandrins sans le moindre accroc. Les idées fusent et dans fameuse tirade du nez, ce sont les spectateurs (pas nous mais les comédiens venus dans la salle assister au spectacle) qui lancent à Cyrano comme des défis les « traits » de son monologue (gracieux, prévenant, tendre…). Cyrano s’exécute (parfois un mini-poil trop vite, ne prenant pas assez le temps d’intégrer les propositions), virevolte avec flamme en entrainant les spectateurs (nous) dans sa flamboyance gasconne. Pas de décors ou à peine, un banc, un fût, un fauteuil, serviront à définir les lieux sans que jamais l’on se perde, même dans la scène de la bataille : bruits de canon et musique, chants des gascons en fond sonore suffisent à illustrer le combat : la meilleure façon à mon sens de monter cette pièce et de mettre le texte en exergue.

Quant aux comédiens, Stéphane Dauch est un parfait Cyrano, fougueux, amoureux, fier, tendre. Charlotte Matzneff et Simon Coutret (Roxane et Christian) paraissent un peu plus fade face à Stéphane Dauch, plus « bêtes » qu’amoureux transis, mais ils sont quand même très touchants et il est difficile, je crois, d’exister face à Cyrano. Tout le reste de l’équipe (au total 10 comédiens) joue dans une joie et une énergie communicatives à souhait.

Jean-Philippe Daguerre a choisi d’accompagner les comédiens par un violoniste, Petr Ruzicka, qui intervient pendant les tirades et quelques interludes : un bel accompagnement musical jamais envahissant. Choix judicieux : seuls Cyrano et le violoniste portent un masque de Comedia del Arte. Pour finir, les costumes sont très jolis et la scénographie magnifique, toute en obscurités et lumières, ombres voilés et feux éclatants selon les moments.

Bref, l’occasion de voir ou revoir Cyrano parce que Cyrano est et restera l’un des plus belles pièces !

Cyrano de Bergerac – Edmond Rostand
Mise en scène : Jean-Philippe Daguerre

Avec : Charlotte Matzneff, Mona Thanaël, Nicolas Le Guyader, Simon Coutret, Stéphane Dauch, Emilien Fabrizio, Simon Gleizes, Didier Lafaye, Edouard Rouland, Yves Roux
Violon & arrangements musicaux : Petr Ruzicka
Théâtre Michel
38 rue des Mathurins
75008 Paris

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