La double inconstance – Marivaux – MES Anne Kessler

Sylvia aime trendrement Arlequin qui l’aime aussi. Mais le Prince doit épouser une de ses sujettes et c’est sur Sylvia qu’il porte son dévolu.

La jeune paysanne refuse, arguant qu’elle n’a besoin que de l’amour de son amant et d’aucune richesse. Arlequin, lui, affirme haut et fort qu’il n’a besoin de rien si ce n’est de sa promise. Le Prince, aidé de Flavinia, décide de corrompre le jeune couple.

Une pièce certes cruelle où Marivaux épingle de façon cinglante l’aristocratie mais aussi, et, surtout, la vanité des hommes et des femmes. Mais si la pièce est cruelle, j’y aurais bien vu aussi de la légèreté, une impertinence qui m’ont manqué dans la mise en scène d’Anne Kessler.

Ici, Anne Kessler imagine une répétition de la pièce par les comédiens de Français. Les dates de répétition sont projetées sur le miroir d’un appartement hausmanien où répètent les comédiens. Et ce sera le seul indice qu’une répétition est en cours et non une représentation. Un parti-pris trop effleuré et pas assez clairement défini, qui manque de clarté et n’apporte pas grand chose car trop peu exploité. Du coup les décors se résument à cet appartement où viendront s’ajouter quelques murs de verdure pour signifier le jardin, où trône, en fond de scène, une télé écran plat (pour rappeler que nous assistons à une répétition ?). Je préfère sans aucun doute que l’on fasse la part belle au texte sans l’encombrer d’effets ici non aboutis : la langue de Marivaux se suffit à elle-même, la cruauté du propos, la satire sociale peuvent soulever le spectateur en étant jouées « en l’état », dans un contexte d’époque. Cette transposition dans une répétition défigure et dénature le sens même de la pièce à mon sens, et affadit beaucoup trop le sel de ce texte.Photo Ch. Raynaud de la Page

Nous sommes au Français et je ne peux qu’applaudir les jeux de Stéphane Varupène (impressionnant Arlequin qui se laissera progressivement séduire par la bonne chair et la belle Flaminia), Eric Genovese (formidable Trivelin), Florence Viala (imposante Flaminia), Loïc Corbery (le Prince). Le choix de Catherine Salviat dans le rôle d’un Seigneur me laisse dubitative (quel intérêt ?); Quant à Adeline d’Hermy, je suis partagée : j’aime énormément cette comédienne qui m’avait séduite dans Un chapeau de paille d’Italie. Bien que je n’ai pas aimé Le songe d’une nuit d »été, elle incarnait une belle Héléna, troublante et séductrice. Ici, je retrouve un peu le même personnage que dans le Songe : sa voix haut perchée, sa malice, certes, mais rien de neuf si on peut dire. Ne la cantonne-t-on pas dans des personnages trop archétypaux ?

Voilà. j’en ressors perplexe. Sans m’y être ennuyée, j’y ai manqué de sel.

Ou d’émotion, tout simplement. Et c’est pour ça qu’on va au théâtre : pour les émotions.

 La double inconstance – Marivaux – MES Anne Kessler

Comédie Française

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