Les caprices de Marianne – Alfred de Musset – MES Frédéric Belier-Garcia

Photo Stephane tasse
Photo Stephane tasse

Coelio, un jeune homme romantique, aime secrètement la jeune et sage Marianne. Il mandate d’abord sa fidèle servante Ciuta pour avouer son amour mais la jeune prude refuse. Coelio envoie alors son cousin Octave, Octave le libertin ivre de vin et de vie. Marianne, après un premier refus, accepte finalement un rendez-vous, mais c’est d’Octave dont elle est peu à peu tombée amoureuse et non de Coelio. Octave qu’elle essaie de séduire et qui la repousse. Claudio, le mari de Marianne, pressent l’adultère et tend un piège à Coelio, qu’il fait assassiner. Coelio a pu, avant de mourir, comprendre que ce n’était pas lui que Marianne aimait mais son cousin….

Désillusions, pertes, destin : ces trois mots décrivent sans doute bien le dessein de Musset quand il écrit Les Caprices de Marianne ; un monde où les rêves s’écroulent et le bonheur n’est qu’illusion. La mise en scène de Frédéric Belier-Garcia épouse ce concept par une mise en scène sobre et sans emphase. Les comédiens vont et viennent dans une ville détruite : un terrain pentu (où les comédiens trébuchent régulièrement, comme s’effondrent les rêves de jeunesse), un édifice en ruine comme les illusions qui s’écroulent et la fin d’un monde, la fin d’une époque romantique qui n’est plus. Des cierges brulent à cour et éclairent d’une lueur blafarde les passions des jeunes gens ou la colère froide d’un mari blessé. La musique violente souligne la désespérance d’une jeunesse qui cherche à échapper à son destin et tente désespérément de conserver ses idéaux.

David Migeot propose un Octave à la fois brûlant et détaché. Ivrogne et froid, fêtard et fidèle à son ami, il est d’une grande justesse et occupe l’espace avec une présence magnétique. Sarah-Jane Sauvegrain est une Marianne juste et prude, chez qui j’aurais peut-être aimé voir un peu plus d’ambiguïté, de feu, d’incandescence. Le romantique Coelio, incarné par Sébastien Eveno, est très juste aussi, en jeune amoureux désenchanté. J’ai beaucoup aimé aussi Yvette Poirier en Sciuta maligne et tout comme le Claudio humain et blessé incarné par Jan Hammenecker.

Au final Frédéric Belier-Garcia propose une scénographie de grande qualité qui transporte le spectateur dans un tableau tragique, tout comme les illusions perdues d’une jeunesse dont les idéaux se fracassent avec violence. Du bel ouvrage.

Les caprices de Marianne – Alfred de Musset

Mise en scène Frédéric Belier-Garcia

Centre Dramatique National de Sartrouville

Avec :

Marie-Armelle Deguy /Laurence Roy, Sébastien Eveno,

Denis Fouquereau, Jan Hammenecker, David Migeot, Yvette Poirier, Sarah-Jane Sauvegrain

« Je ne sais point aimer, Coelio seul le savait. La cendre que renferme cette tombe est tout ce que j’ai aimé sur la terre, tout ce que j’aimerai. Lui seul savait verser dans une autre âme toutes les sources de bonheur qui reposaient dans la sienne. Lui seul était capable d’un dévouement sans bornes ; lui seul eût consacré sa vie entière à la femme qu’il aimait, aussi facilement qu’il aurait bravé la mort pour elle. Je ne suis qu’un débauché sans cœur ; je n’estime point les femmes : l’amour que j’inspire est comme celui que je ressens, l’ivresse passagère d’un songe. Je ne sais pas les secrets qu’il savait. Ma gaieté est comme le masque d’un histrion ; mon cœur est plus vieux qu’elle, mes sens blasés n’en veulent plus. Je ne suis qu’un lâche ; sa mort n’est point vengée ».

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