Tailleur pour dames

Et hop un petit Feydeau pour affronter le retour et retrouver un peu les scènes parisiennes. Quoi de mieux d’ailleurs qu’un vaudeville bien troussé pour rire un peu, voire beaucoup, et des situations rocambolesques ? Des quiproquos, des rebondissements à n’en plus finir, des mensonges qui entraînent d’autres mensonges, enferrant les personnages feydausiens dans des spirales infernales dont ils ne sortiront qu’épuisés mais heureux ? Un peu comme leurs comédiens d’ailleurs.

Bref, si Tailleur pour dames n’est pas la plus grande pièce de Feydeau, on y trouve déjà tous les ressorts du vaudeville : le mari (le docteur Moulineaux) rentre au petit matin. Il raconte à sa femme qu’il a passé la nuit chez un patient, lequel patient débarque, en pleine forme. Arriveront ensuite la femme du patient qui n’est autre que l’amante du médecin, un autre visiteur très rasoir celui-ci, une ancienne maitresse du médecin qui est aussi la maitresse du mari de la maitresse et également la femme de… Mais trêve de révélations, le théâtre de Feydeau ne se raconte pas, il se découvre dans une salle et nécessite de se laisser porter par les rebondissements, d’oublier tout et de plonger en spectateurs ébaudis par l’imagination sans limites de l’auteur qui semble partir en vrille mais est en réalité parfaitement maitrisée et pensée.

Sous la houlette d’Agnès Boury les effets de mise en scène superflus sont oubliés au profit duphoto J. Stey comique de situations et des ressorts rocambolesques de l’écriture feydeausienne. Le décor est volontairement épuré, réduit au minimum et les comédiens s’abandonnent joyeusement à l’histoire, de Sébastien Castro idéalement benêt (Bassinet) à José Paul en mari trompeur dépassé par ses propres mensonges en passant par les intermèdes chantés de Guilhem Pellegrin, le majordome-spectateur de la folie de ses maîtres.

Jean Poiret a signé l’adaptation de ce Tailleur pour dames : on y retrouve, mine de rien, une patte à la Poiret qui n’est pas sans rappeler certaines effets ou ressorts très poiresques… des petites touches infimes par ci laissent planer un parfum de Canard à l’orange, une effluve de Cages aux folles. Un mariage peut-être daté mais qui laisse la place aux rires. C’est efficace et on ne demande que ça en cette période estivale.

Tailleurs pour dames, Feydeau. Adaptation de Jean Poiret, mise en scène Agnès Boury

Théâtre Montparnasse, jusqu’au 29 août 2015

Avec José Paul, Sébastien Castro, Philippe Uchan, Véronique Barrault, Guilhem Pellegrin, Caroline Maillard, Florence Maury, Maud Le Guénédal.

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