J’ai fini par oublier tout ce que j’aurais pu devenir– De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites – MES Isabelle Carré

MARGUERITES-AfficheBéatrice est une femme encore jeune qui élève seule ses deux adolescentes. Seule, peinant à assumer la charge de ses filles avec ses maigres revenus de nounou pour grabataires, Béatrice se perd dans ses rêves : ouvrir un salon de thé, sortir davantage voire être heureuse. Ruth sa fille ainée est épileptique, jolie, vive. Mathilda la plus jeune est discrète et effacée, elle étudie l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites.

Un joli bouquet d’actrices qui compose une pièce à la beauté douce-amère. En mère-ogresse qui utilise ses filles (elles lui grattent le dos, ratent l’école pour s’occuper de la maison), monstre d’égoïsme entièrement centrée sur ses propres frustrations mais persuadée d’être une bonne mère, Isabelle Carré réussit à incarner toutes les contradictions d’une perverse narcissique aux épines vénéneuses. Charme, piques acérés, réflexions blessantes, pleurs, victimisation, câlins et pardons accordés mais vite oubliés : toutes les palettes de la pathologie sont déclinées avec justesse.

A ces cotés, Alice Isaaz (Ruth) et Armande Boulanger (Mathilda, en alternance avec Lily Taïeb) sont rayonnantes et finalisent joliment le bouquet avec une belle fraicheur, en jeunes filles pleines de vie et pourtant déjà bridées.

La pièce perd en rythme en début de deuxième partie, la mise en scène d’Isabelle Carré manque peut-être d’un grain de folie, mais elle gagnera certainement en rythme au cours des représentations. L’écriture est ciselée, on rit souvent au détour d’une phrase (« Je ne l’aime pas : elle triche toujours quand elle joue au solitaire ») ou on sourit avec amertume en entendant les sarcasmes dont Béatrice couvre ses filles sous couvert de conseils maternels.

Une histoire d’illusions perdues d’une fleur trop tôt fanée et de son rayonnement nocif sur ses deux jeunes filles à peine écloses. Une énergie maléfique dans laquelle, pourtant, elles trouvent la force et l’espoir de pousser.

Joli.

De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites,

Texte de Paul Zindel
Mise en scène de Isabelle Carré
Adaptation et collaboration à la mise en scène: Manèle Labidi-Labbé
Avec Isabelle Carré, Alice Isaaz, Lily Taïeb et Armande Boulanger en alternance

 

Théâtre de l’Atelier

Jusqu’au 23 janvier 2016

Réservations au 01 46 06 49 24

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