« Alcool ma belle ivresse
Il faut que je te quitte
Je ne t’ai jamais bu par ennui
Mais toujours par passion. »
Il est des spectacles qui vous entrainent dans un beau voyage, à travers le temps, les amis, le monde, à travers les affres et les joies d’une vie toute entière, à travers la vie d’un homme que l’on voudrait ne pas quitter tellement il nous emporte dans son sillage. Richard Bohringer est un Grand Singe, comme il le dit. Il est aussi Chasseur de Serpents, Dévoreurs de Gaufres, Amoureux de la Vie, Nostalgique de l’Amitié, Baroudeur Invétéré, Représentant en Sentiments.
Des fantômes bienveillants.
Alors on traverse avec lui les continents : Afrique, Sénégal, Bogota, New-York, ou plus près, en Bavière ou en Belgique. On écoute ses anecdotes, ses récits, semés de digressions. Quelques pages de son livre « Traine pas trop sous la pluie » , des apartés sur le temps qui passe, les gens. Les amis qui font surface, ses enfants, sa femme (comme Madame Columbo) ces proches dont l’ombre ne le quitte jamais : Bernard Giraudeau, Roland Blanche, Jacques Villeret ou Philippe Léotard apparaissent le temps d’une anecdote, d’un souvenir. Des ombres qui sont bien présentes et donnent l’impression que Bohringer n’est pas seul sur scène, qu’il est sans cesse entouré d’eux, fantômes protecteurs et bienveillants.
Le fil est décousu, improvisé au fil des souvenirs qui font surface, mais Richard Bohringer a tellement d’empathie, de générosité, d’humilité, que l’on est totalement embarqué dans son récit. Lui qui pourrait paraître bourru se révèle généreux, cabotin et drôle (on rit beaucoup aussi, avec lui), d’une grande humanité. Ses mots sont des poèmes, des ellipses, des phrases interrompues, reprises, raccommodées comme lui après sa maladie. Rafistolées comme l’est son âme, son cœur, fait de petits et grands bouts de vie, de famille, d’amitié, d’amours, d’ivresses, d’errances et de rencontres.
« Il est une certaine heure où la vie vaut le coup d’être bue »
Il est une certaine heure où il doit s’arrêter, laisser la place au spectacle suivant. Alors il faut partir, à contrecoeur. En voulant revenir, pour écouter d’autres pans, d’autres récits, ou bien les mêmes, encore, parce qu’est beaucoup trop court, sinon.
Ce qu’ils doivent être émus et fiers, tout là-haut, dans l’aéronef.

Photo Alain Rousseau

Photo Alain Rousseau
Traîne pas trop sous la pluie,
De et par Richard Bohringer
Jusqu’au 23 avril à 19h
Réservations au 01 46 06 49 24

Photo Alain Rousseau