Notre agonie est notre triomphe – Sacco & Vanzetti – A. Guyard – MES François Bourcier

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Qui se souvient encore de Sacco et Vanzetti, émigrés italiens fervents défenseurs de la cause anarchiste, de la révolte des syndicats entre les deux guerres ? C’était il y a un siècle et pourtant le contexte peut encore, même différent, paraître terriblement actuel. Au début du XXème siècle, donc, deux ouvrier anarchistes italiens sont accusés de braquage et de meurtre. Beaucoup d’éléments portent à croire à une manipulation du procès, les preuves sont floues. Toujours est-il qu’en ce contexte de montée du syndicalisme violent et de révolte des ouvriers, de grèves qui s’éternisent, les deux hommes sont incarcérés et, bientôt et malgré les témoignages contradictoires, sont condamnés à l’électrocution.

Le dispositif scénique est ingénieux : quelques chaises, des ampoules qui pendent au plafond et grésillent à chaque exécution, un drap blanc en fond de scène sur lequel sont projetés des images d’archives, films, photos, articles de presse. Au centre, deux hommes. Sacco et Vanzetti attendent l’heure de leur exécution et revivent des dernières 7 années. Sacco a peur de la mort (excellent Jean-Marc Catella, tout en retenue et justesse) tandis que Vanzetti va vers la mort comme on va au combat (Jacques Dau, bouillonnant, investi). Ces quatre dernières heures s’égrènent en souvenirs, révolte, colère, résignation et fidélité à leurs convictions.

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Grimés de blanc, les deux comédiens incarnent la pantomime de leur affaire et de l’époque : successivement anarchistes, policiers, gouverneur, témoins manipulés, il retracent pendant une heure vingt l’imposture d’un procès jugé d’avance, une cause vouée à l’échec et d’une lutte à la fois utopique et vaine. Le décor est sobre : quelques chaises, des draps, des ampoules, qui se transforment à vue, l’utilisation de projections qui si elle devient habituelle maintenant joue astucieusement avec les perspectives et les profondeurs. On retrouve la sobriété efficace et d’autant plus percutante de François Bourcier qui insuffle à sa mise en scène la violence des idéaux anarchistes, l’ignominie d’une classe dominante qui exploite la peur des immigrés en cette période de reconstruction d’après guerre, la peur de la mort, les doutes, la fidélité et surtout l’amitié des deux hommes qui iront, au final, à la chaise électrique en hommes libres, libres de choisir, de ne pas céder, de ne pas ployer.

Bella ciao, la chanson du peuple italien accompagne les saluts. Un chant mélancolique et engagé qui vient adoucir les derniers instants. Beau moment.

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Sacco et Vanzetti, de Alain Guyard

Mise en scène et scénographie François Bourcier

Assistante à la mise en scène : Nathalie Moreau

Avec : Jacques Dau et Jean-Marc Catella

Théâtre de Fontenay le Fleury

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Une réflexion sur “Notre agonie est notre triomphe – Sacco & Vanzetti – A. Guyard – MES François Bourcier

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