Un retour vers le passé un peu trop bancal

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Après « Elise : la banane américaine » créé en 2011, Elise Noiraud revient sur scène à la Comédie de Paris. Son personnage, Elise, a grandi et a aujourd’hui 13 ans et demi, cet « et demi » tellement essentiel à l’âge où toutes les étapes de la vie semblent des montagnes infranchissables et leur dépassement des victoires sur le monde, la vie et les adultes. Nous retrouvons donc Elise, sa mère, sa professeur de danse, ses copines, Tony dont elle est secrètement amoureuse, Tony qui l’invite à sa boum…

Sur fond de Céline Dion en boucle, Elise Noiraud interprète tous les personnages : la mère envahissante, la jeune fille timide et mal dans sa peau, la prof, les amis… Elle passe d’un personnage à l’autre avec une belle aisance, semble à l’aise dans ce va et vient continuel et virevoltant. Pour autant, le tout semble caricatural et manque à mes yeux de finesse et de subtilité. Elise Noiraud gagnerait à canaliser son énergie débordante qui la pousse à crier parfois plus que dire, à se tempérer pour suggérer plutôt qu’asséner la psychologie de des personnages. Elle a en elle ce qu’il faut de sincérité et de finesse, j’en veux pour preuve ce passage où la professeur de danse cache difficilement l’émotion qui l’étreint subitement : son visage et son expression se transforment par stades, on sent l’émotion et les yeux qui se brouillent, la voix qui vacille… Un vrai moment de grâce dans le jeu de la comédienne, malheureusement noyé dans une interprétation globale trop en force.

Si le texte et son intention peuvent être touchants, j’ai souvent eu l’impression d’entendre une enfant de 10 ans (et demi) plutôt que 13. Est ce parce que l’intrigue se déroule en milieu rural ? Parce que de nos jours les ados n’écoutent pas plus Céline Dion que Francis Cabrel ? Qu’Elise Noiraud cite une numéro de téléphone à 8 chiffres et non pas 10 ? Qu’Elise la jeune fille n’a pas de portable, de SMS, de réseaux sociaux ?

Bref j’ai eu l’impression d’être transportée il y a 20 ans en arrière : nos ados d’aujourd’hui auront peut-être du mal à s’y reconnaître. La mienne en tous cas ne s’y est pas retrouvée. Pour ma part, je n’y ai pas trouvé suffisamment de richesse ou de nostalgie pour éprouver un intérêt à ce retour en arrière. C’est dommage, car Elise Noiraud a une vraie présence et une belle sensibilité à explorer : davantage de subtilité et de poésie dans ses textes lui donneront certainement la possibilité d’exprimer un évident talent sous-jacent.

Elise, pour que tu m’aimes encore

De par et Elise Noiraud

Comédie de Paris

Infos & Réservations au 01 42 81 00 11 

Photo 1 POUR QUE TU M'AIMES ENCORE

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