Dis moi, pourquoi le théâtre il fait rire souvent et réfléchir parfois et pas l’inverse ?

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Et d’abord ça sert à quoi, le théâtre ? Et aussi, pourquoi y’a des textes qui nous émeuvent et d’autres qui nous font rire, ok, mais qu’on oublie tout de suite après la sortie ? Et pourquoi que Michaël Hirsch il réussit à jouer comme ça avec les mots avec les verbes avec les phrases et que rien qu’en posant des questions auxquelles il répond même pas toujours il réussit quand même à nous faire rire ? Et même qu’en nous faisant rire sans répondre il nous fait aussi nous interroger nous-même ?

Pourquoi, hein, pourquoi ?

Eh bien parce que ce jeune Michaël Hirsch, il joue, il jongle avec les mots. Il les malaxe, les tripatouille, les presse et les pétrit, s’en amuse et s’en déjoue dans une série de saynètes, chacune entamées par une question innocente (« Pourquoi dire amen à tout alors que la société amène à rien ? », « Pourquoi les cheveux tombent-ils en même temps que les illusions ? », « Pourquoi perdre son temps à essayer de gagner sa vie ? »…). Et chacune de ces questions ouvre une saynète souvent tendre, drôle, touchante, où les mots rivalisent avec les idées, les idées avec les rimes, les rimes avec les sons, les sons avec les sens. Le tout avec pour seuls accessoires quelques vestes, gilets, bonnets, un réel talent à se transformer avec la voix, le ton, le corps, la posture. Michaël Hirsch devient tour à tout vieillard, le commandant Couche-tôt, Fabrice Lucchini (épatant), gamin, ado… dans une mise en scène minimaliste qui laisse judicieusement la place belle aux mots et au texte.

Oui, il y a du Devos là dedans, une capacité à se jouer des mots sans tomber dans le jeu de mots facile, une touchante aisance à rebondir sur les sens et les rimes avec une finesse extrême, une vraie jubilation à écrire et à dire les mots, la vie, les rires.

Au final pourquoi Michaël Hirsch il nous transporte, hein ? Justement, il nous transporte parce qu’il est vrai, sincère, juste, parce que ses questions nous émeuvent et nous font rire, parce qu’il est un petit magicien du mot et du sens et que ça fait du bien, tout simplement, de voir que Devos a rencontré son héritier virtuel, que Desproges aurait probablement été étonné, et que, tout simplement, ça fait du bien de rire et de sourire et de s’amuser, et de poéter plus haut que son Q.

fabienne rappeneau

© Fabienne Rappeneau

Pourquoi ? De Michaël Hirsch

Théâtre du Lucernaire jusqu’à hier

puis au Festival d’Avignon Off, au théâtre du Roi René, à 10h

réservations au 33 (0)4 90 82 24 35

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3 réflexions sur “Dis moi, pourquoi le théâtre il fait rire souvent et réfléchir parfois et pas l’inverse ?

  1. Pingback: La liste de mes envies | théâtr'elle

  2. Vu ce spectacle en 2015 un peu par hasard, je ne l’ai pas du tout regretté, c’est vrai qu’il y a du Devos chez ce jeune homme.
    Je (re)découvre ce blog et je vais approfondir un peu la découverte. J’ai vu quelques pièces au Festival off cette année aussi, mais n’ai rien écrit à leur sujet. Mes préférées étant : Médina Mérika, L’homme poubelle, Fabrice Luchini et moi (dans des genres bien différents).

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  3. Pingback: Que voir à Avignon cet été ? | Théâtr'elle

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