Au gallodrome du Rond Point

p213589_1-un-poyo-rojo

Créé en 2010 à Buenos Aeres dans le Laburatorio, sorte de vivier d’artistes où chacun peut venir s’exprimer et présenter son travail, Un poyo rojo n’en finit plus de tourner de par le monde. L’an dernier les représentations au Rond Point avaient dû s’interrompre suite à une blessure de Luciano Rosso mais cet automne les deux artistes argentins sont de retour. Grand bien leur fasse car leur public fidèle est au rendez-vous, largement enthousiaste,  provoquant même quelques fou-rires chez les deux artistes.

La scène se situe dans un vestiaire quelconque. Deux hommes s’exercent, se jaugent, s’observent, se jugent jusqu’à entamer peu à peu un ballet viril, une danse qui se transforme en  un magnifique combat de coqs (un poyo rojo signifie un coq rouge) : rivalité, virilité, compétition, puissance, chacun veut surpasser l’autre et le mettre KO. A la fois acrobates, danseurs, comédiens, clowns, Luciano Rossi et Alfonso Baron, deux saltimbanques au talent protéiforme, entraînent le public – conquis dès les premières minutes – dans une danse décalée, où le mâle qui se veut dominant ressemblera bien vite à un hilarant gallinacé.

La mise en scène de Hermes Gaido imbrique très adroitement performance physique et artistique et l’on se régale des mouvements et acrobaties calculées, effectuées au millimètre près, tout comme des mimiques, grimaces, regards et position hilarantes des deux hommes. La rivalité masculine est tournée en dérision, la malice et l’ironie taclant tous ses travers ; on rit à gorge déployée de ces deux coqs aussi ridicules que férocement doués, et l’on adore forcément voir le désir apparaître peu à peu, voir les corps et regards s’embraser, se chercher, se séparer, le tout avec une cocasserie totalement assumée.

Le décor est minimal, tout comme l’accessoire presque unique et rudimentaire : une radio qui finit par devenir le troisième personnage du spectacle. Au fil des stations, les deux artistes s’adaptent et improvisent au gré des émissions reçues en direct, installant une certaine connivence avec le public.

Cette mise en scène qui tire parti de presque rien est particulièrement délicieuse en ces temps d’effets techniques, de vidéos, de bandes sons amplifiées : elle prouve s’il en est encore besoin que l’on peut aussi, à partir de presque rien offrir un spectacle d’une richesse et d’une créativité étonnantes. Et dans ce nouveau gallodrome qu’est le Rond Point, Luciano Rossi, Alfonso Baron et Hermes Gaido offrent au public un spectacle jubilatoire où se mêlent humour, danse, dérision, sensualité, précision et rires. Et des rires il y en eut, ce mercredi soir au Rond Point : des rires d’enfants, de grand-mères, des rires qui parfois faisaient rire les artistes aux-même. On en ressort avec une envie folle, celle d’y retourner et de savourer, encore, ce pur régal pour les yeux et le moral.

Un poyo rojo

Mise en scène : Hermes Gaido

Avec : Alfonso Barón, Luciano Rosso

Chorégraphie : Luciano Rosso, Nicolás Poggi

Lumière : Hermes Gaido

Théâtre du Rond Point

Jusqu’au 8 octobre 2016

Réservations au 01 44 95 98 21

 

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s