C’est un véritable objet théâtral non identifié que l’on découvre au Monfort en ce début de fêtes. Dark Circus, (le scénario est de PEF) est un cirque un peu spécial, un cirque où l’on ne verra ni clown farceur, ni numéro fantastique ou merveilleux. On n’y verra non plus ni humain ni animal, mais seulement une galerie de personnages illustrés en direct, et sans pellicule, sur une table de dessin. Romain Bermond et Jean-Baptiste Maillet, deux artistes plasticiens, font naître sous nos yeux d’abord circonspects puis rapidement totalement conquis cette histoire folle et poétique. Un cirque en noir et blanc qui promène sa mélancolie de ville en ville. Les spectateurs y viennent tête baissée pour s’attrister, les numéros s’enchaînent et les trépas se succèdent : la trapéziste rate la barre, le dompteur est dévoré par le seul lion qui n’a jamais pu être dompté, la lanceuse de couteau vise trop mal pour ne pas rater le coeur de son compagnon, l’homme canon est percuté par un boulet. Tout est en noir et blanc, tout est triste et malheureux, comme les yeux de cocker du Monsieur Loyal qui ne sourit jamais. Il suffira d’une balle rouge égarée par erreur pour qu’enfin, une explosion de couleur, de joie et de bonheur vienne balayer tout ça.
Hommes orchestres
Les images, projetées sur un écran blanc en fond de scène, captivent, tout autant que, à cour et jardin, les deux tables des artistes. Romain Bermond, à cour, dessine, tourne la manivelle, alterne fusain, encre, crayon… une poignée de sable lancée sur une feuille devient piste de cirque, une goutte d’encre sur un fond d’eau se transforme en un cheval impétueux, une ombre chinoise joue les trapézistes. Il crée en direct, et sans pellicule, une histoire fascinante. A jardin, Jean-Baptiste Maillet jongle avec les instruments, traverse parfois pour manipuler les marionnettes avec son acolyte, la tête de sa guitare est elle-même la marionnette de Monsieur Loyal.
Plein les mirettes
Il y a de la magie dans cette trop courte heure de spectacle. On écarquille les yeux devant tant de créativité, on redevient enfant devant la naissance d’un cirque imaginaire qui se dessine sous nos yeux et prend vie comme par enchantement. Le tout semble tellement fluide, simple, évident, que l’on s’abandonne vite avec félicité, que l’on se love dans nos fauteuils, dont on ne ressort pas, mais alors pas du tout, malheureux. Bien au contraire.
Dark Circus
Créé et interprété par
STEREOPTIK / Romain Bermond et Jean-Baptiste Maillet
D’après une histoire originale de Pef
regard extérieur Frédéric Maurin
régie générale Arnaud Viala
en alternance avec Frank Jamond
Jusqu’au 17 décembre
Réservations au 01.56.08.33.88