
Photo Joël Fabing
Quand la patine chargée d’histoire des Bouffes du Nord se transforme en boudoir sucré rosé girly à souhait et que ce boudoir sert d’écrin à la plus extravagante, la plus exaspérante, la plus versatile et donc la plus délicieuse des divas, le public ne peut que fondre, d’autant que sous les traits de cette Lady Margaret se cache l’inénarrable Michel Fau.
Le revoilà donc, celui qui continue d’explorer le « travestissement et la voix transformée ». Chevelure blond platine aux boucles impeccables, élégante robe fushia au drapé new look et salomés dorées aux pieds, notre Lady Margaret en débarquant dans un ravissant hôtel de Normandie, tombe sous le charme du groom (Antoine Kahran). Pour le garder à ses côtés, elle lui propose un marché plus qu’honnête à ses yeux : en échange de sommes mirobolantes, le désormais nommé boy devra, pendant toute une semaine interpréter avec elle moult saynètes et se plier à tous ses caprices de femme ni tout à fait jeune ni tout à fait vieille mais terriblement riche.
Musiques de chambre
Michel Fau a déniché de vielles chansons françaises oubliées (écrites par Michel Rivgauche, Claude Delécluse ou Michèle Senlis) : mises en musiques par Jean-Pierre Stora et liées par les textes de Christian Siméon, elles permettent à Michel Fau accompagné d’Antoine Kahan, le groom au style très Wes Andersonien, de donner libre cours à sa folie, son talent, sa démesure aussi finement calculée que très justement dosée. Il y a de la folie, donc, du burlesque, un décor aussi rétro que kitch, des scènes d’anthologie (Michel Fau se jetant aux pieds de boy), les lumières magnifiques de Joël Fabing qui déclinent une palette de couleurs qui va du pastel au fluo, du pistache au candy-pink. Il y a aussi trois musiciens qui accompagnent le duo Mathieu El Fassi au piano, Laurent Derache à l’accordéon et Lionel Allemand au violoncelle.
Mais au delà de tout, il y a encore, et surtout, le merveilleux Michel Fau, délirant, aussi irrésistible en déshabillé de soie qu’en robe dioresque, truculent en diva divaguante, passionnaria de l’oeillade sulfureuse et de la moue boudeuse. Un vrai régal, donc, un bonbon acidulé sucré dont le coeur nous réserve plus de surprises encore.
Nevrotik Hotel
Trame et dialogues : Christian Siméon
Mise en scène Michel Fau
Chansons : Michel Rivgauche, Julie Daroy,Pascal Bonafoux, Jean-François Deniau, Christian Siméon, Helène Vacaresco, Claude Delecluse, Michelle Senlis
Musiques Jean-Pierre Stora
Avec Michel Fau et Antoine Kahan
Piano : Mathieu Le Fasi, Accordéon Laurent Drache, Viloncelle Lionel Lallemant
Réservations au 01 46 07 34 50
Jusqu’au 8 janvier 2017
Michel Fau, grand acteur qui ose tout et peut tout se permettre, jolie chronique qui nous donne encore plus envie d’être à ce soir ! A bientôt Elisabeth
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