Vanishing point : les deux voyages de Suzanne W

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Il faisait froid mercredi à Sartrouville, froid dehors et froid dedans (petit problème de chauffage) mais pourtant, même embarqués sur la longue route de Baie-James qui relie Matagami à Radisson au Nord Ouest du Quebec en plein hiver, le froid n’a pas eu de prise sur les spectateurs, rivés au périple de Suzanne, Tom et Jo, concocté par Marc Lainé. Tout commence à Montréal : Suzanne, la cinquantaine aux illusions envolées mais éternelle optimiste, bavarde impénitente et têtue comme une mule, se suicide au gaz carbonique dans son garage, à bord de la vieille Honda qu’elle a reçue comme cadeau de mariage. Le mariage a depuis longtemps capoté, pas la Honda. C’est à bord de cette vieille Honda que l’on va revivre le voyage qu’a fait Suzanne trois jours avant, en compagnie de Tom, un auto-stoppeur lunaire à la recherche de Jo, sa petite amie chanteuse, la fille « aux yeux comme des lacs », évanouie quelque part en Jamésie.

Tailler la route

Marc Lainé voulait créer un road trip immobile, une sorte de voyage mental, un long périple à travers le Grand Nord du Quebec le tout sans quitter la scène. Pour ce faire, il entrelace habilement images filmées et scènes jouées. Des caméras fixes captent les comédiens dans l’habitacle tandis que défilent sur des panneaux blancs des images vidéos: route enneigée, bourgades isolées.. la superposition du tout est diffusée en direct sur un écran au dessus de la scène, tandis que sous cet écran le groupe Moriarty joue en live des mélodies folk rock aux accents de mélopées Cree qu’ils ont composées au fil des répétitions. Le tout forme un surprenant voyage, maelstrom de cinéma, de musique et de théâtre : on ne s’y perd pourtant jamais, on s’y love au contraire, envoûtés par le charme mélancolique des personnages et leur quête d’un hypothétique mieux-être. Sylvie Léonard (Suzanne), est toute en verve et en énergie : ce petit bout de comédienne occupe, habite l’espace et la scène avec une facilité déconcertante, tout en mettant habilement ses partenaires en valeur : Jean-Sébastien Courchesne est un Tom à la fois lunaire et inquiétant, touchant et déboussolé. Marie-Sophie Ferdane, fantomatique et mystérieuse Jo, apporte une douceur plus ambiguë et sa voix rauque.

Réel et irréel

Marc Lainé tisse adroitement une histoire dont les fils s’entrelacent entre réel et irréel. Ce voyage a-t-il eu vraiment lieu ? Ou bien existe-t-il uniquement dans l’esprit enfumé de Suzanne avant sa mort ? Tandis que les personnages deviennent ombres et souvenirs, tandis que les esprits hantent les vivants ou que la légende vient caresser la réalité, on se laisse happer par la douceur du voyage, son humour bourré de tendresse et sa poésie lumineuse, on se laisse embarquer, étonnés et dociles, bercés et enivrés par ces 620 km de route passés à toute allure.

Vanishing Point, Les deux voyages de Suzanne W.

Ecriture et Mise en scène Marc Lainé

Avec : Marie-Sophie Ferdane, Sylvie Léonard, Jean-Sébastien Courchesne

Le groupe Moriatry : Stepha Zimmerli, Vincent Talpaert, Jean-Guillermo Dumay

Création son : Morgan Conan-Guez

Création lumière : Kevin Briard

Création vidéo : Baptiste Klein, Benoît Simon

Collaboration artistique : Tünde Deak

Théâtre de Sartrouville

Et au théâtre de Saint Quentin de Yvelines le 31 janvier

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