Entre ciel et terre

Photo Géraldine Arestaneu
Dépouillé de tout artifice, de tout effet superflu ou de tout subterfuge, le cirque de Yoann Bourgeois ravit, surprend, embarque avec pour seuls outils la sincérité, l’épure, la simplicité évidente et sereine du langage des corps, des matières et des gestes. Ici, outre les 6 artistes acrobates, un septième personnage prend la première place : une plate-forme de bois pur, un soutien végétal de 6 mètres sur 6 et d’environ deux tonnes qui pivotent, tournent, se balancent, oscillent, vrillent, tremblent, se soulèvent ou se déforment au gré des câbles d’acier qui la soutiennent ou la tirent, au gré de l’axe central sur lequel elles tournent, au gré des mouvements que lui insufflent les 6 artistes, fragiles créatures soumises au caprice de la bête végétale, à ses grincements et craquements sourds.
Un étrange ballet s’installe alors : tandis que la bête gronde et bouge, les 6 artistes tentent de garder leur précaire équilibre. Ils se cambrent, courent, se retiennent, s’agrippent ou s’abandonnent au mouvement, au vent et à la force centrifuge qui les aspire. Tandis que la bête entame un mouvement de balancier lent puis de plus en plus rapide, ces six petits hommes et femmes se couchent, se relèvent, se cabrent. Parfois l’un d’eux agrippe la bête et la gravit, parfois l’un deux manque de basculer, et la force du groupe affronte la force de la bête qui les fait voler avec une grâce aérienne faite de fluidité et de légèreté.
Celui qui tombe est un ballet captivant, d’un poésie folle et d’une grâce étrange où la légèreté des humains affronte et se joue de la puissance d’un monstre de bois. Au fil des mouvements, soulignés parfois par la voix de Sinatra et My way, ou Beethoven en somptueuse, vibrante et magistrale ouverture, les danseurs vacillent et s’envolent, se rattrapent et s’agrippent.
Le public, étourdi, tremblant, est fasciné par la beauté renversante et gracile de ce ballet étrange fait de force et de fragilité. Vertigineux.
Celui qui tombe
Conception, mise en scène et scénographie: Yoann Bourgeois, assisté de Marie Fonte
Réalisation, Scénographie: Nicolas Picot et Pierre Robeli
Régie générale: David Hanse
Régie Plateau Alexis Rostain
Avec Julien Cramillet, Marie Fonte, Mathieu Bleton, Dimitri Jourde, Elise Legros et Francesca Ziviani
Un spectacle inoubliable vu il y a 2 ans au théâtre de la Ville….Un enchantement …
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enchantement surprenant puis prenant tout court voire hypnotisant 😉
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