SOUDAIN L’ETE DERNIER, Théâtre de l’Odéon, MES Serge Braunchsweig

 

Soudain-lete-dernier-195x300

Deux femmes puissantes

♥♥♥♥

Soudain le théâtre de l’Odéon se transforme en jardin luxuriant où les lianes enchevêtrées s’étalent et envahissent la scène. C’est le jardin botanique, empli de plantes carnivores, de la maison de Mrs Venable, dont le fils a été retrouvé mort un an auparavant près d’une plage de Cabeza de Lobo. Mrs Venable fait venir un médecin, le Docteur Cuckowicz (dit Sugar), qui veut rencontrer la jeune Catherine Holly  : elle  était avec son fils lors de sa mort, et semble depuis avoir perdu la raison.

Une scénographie luxuriante

C’est la pièce complexe de Tenessee Williams  que Serge Braunschweig a donc choisie pour sa première mise en scène à L’odéon. Une pièce foisonnante où la folie, l’aveuglement, les passions dérangeantes et écrasantes des personnages s’affrontent et se confondent jusqu’à la fin. A partir de la mort de Sébastien Venable, dans des circonstances abominables, irracontables, Tenessee William tisse un écheveau méandreux où l’amour d’une mère, aveugle, pathétiquement exclusif va mener à l’internement d’une jeune femme que l’on veut lobotomiser. La scénographie de Serge Braunschweig vient refléter la confusion, le chaos des esprits dérangés des personnages : autant de lianes inextricables que les entrelacs sinueux dessinés par les personnages et leurs psychoses. La mise ne scène a minima se contente efficacement d’être précise, reposant sur l’impressionnant décor sans en rajouter inutilement.

Des comédiens admirables de justesse

Cette  scénographie très  justement mise en exergue par la mise en scène simple, presque a minima, est l’écrin idéal pour le jeu des comédiens, que l’on devine dirigés avec une précision d’entomologiste. Luce Mouchel est une effrayante Mrs Venable aussi troublante que vénéneuse : femme puissante, riche, anéantie par la mort de son fils mais aussi mère étouffante, dévorante,  monstre d’aveuglement et de colère retenue. Le jeu de Marie Remond (Catherine Holly) est d’une redoutable efficacité : toujours mobile,  l’œil fiévreux, la comédienne illumine la scène en jeune femme fébrile, hantée par des images qui peu à peu la dévorent et brisée par l’enfermement. Le spectateur est suspendu à ses lèvres pendant l’édifiant récit final dont la froideur mécanique devient de plus en plus angoissante au fil des mots. Virginie Colemyn (Mrs Holly) est épatante aussi en mère hystérique obnubilée par l’argent (c’est Mrs Venable qui les fait vivre) et prête à sacrifier la raison de sa fille. Les second rôles sont tout aussi justes, de Jean-Baptiste Anoumon (Dr Cuckowicz / Sugar) à Glenn Marausse, Océane Caraty et Boutaïna El Fekkak.

Soudain l’été dernier est donc une impressionnante exploration au plus loin de la folie où les perversions étouffantes enserrent et se referment sur ce qui leur échappe, servie par une scénographie foisonnante et des comédiens qui oscillent justement et brillamment sur un fil très ténu sans jamais tomber dans l’excès. «Je pense que nous devrions au moins prendre en compte l’éventualité que l’histoire de cette jeune fille puisse être vraie…» dit le Docteur à la fin : vraie ou fausse, cette histoire est encore aujourd’hui déchirante et envoutante, tout comme la pièce.

Soudain l’été dernier, de Tenessee Williams

Mise en scène Serge Braunschweig

Théâtre de l’Odéon

jusqu’au 14  avril

Réservations au 01 44 85 40 40

Avec Jean-Baptiste Anoumon, Océane Cairaty, Virginie Colemyn , Boutaïna El Fekkak, Glenn Marausse, Luce Mouchel, Marie Rémond

 

 

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s