Variation très mitigée
Sur une île perdue au fin fond de la Norvège où le soleil brille six mois par an et se couche le reste de l’année vit Abel Znorko, Prix Nobel de littérature retiré de la vie publique. L’homme n’aime rien ni personne et se terre après avoir publié une correspondance amoureuse qui lui a valu sa renommée. Erik Larsen, un journaliste vient l’interviewer sur cette histoire : qui était donc cette femme aimée, cette amante qui lui a écrit pendant des années ?
Une variation bien énigmatique, donc, dans laquelle on entre avec prudence, sur la pointe des pieds, en se demandant où veut en venir l’auteur. Qui aime donc t-on ? Sait on jamais qui nous aimons, savons nous tout sur l’être aimé et lui disons nous tout ? Il y a dans l’écriture de Schmitt, comme souvent, quelques fulgurances, quelques éclats d’écriture ciselée, quelques lignes troublantes. Mais ces quelques lueurs sont éparses : on se noie vite dans une histoire qui, au final, nous laisse sur le coté, déçus par sa banalité et son manque d’originalité (l’écrivain retiré, le journaliste… soit… mais encore ?), jusqu’au retournement final qui surprend… pour aussitôt retomber comme un soufflé, rattrapé par les clichés et une fin prévisible.
C’est dommage, car le tout est bien joué : Christian Santoul est convaincant en écrivain misanthrope et cynique et Michel Vautrin (Erik Larsen), malgré quelques bafouillages vite rattrapés, s’en sort plus que correctement, le tout dans une mise en scène appliquée.
Du coup, si les comédiens s’en sortent dignement, le choix de la pièce reste, tout comme ces variations, énigmatique.
Variations énigmatiques, de Eric Emmanuel Schmitt
Mise en scène Nadine Capelli
Avec Michel Vautrin et Christian Santoul
Théâtr'elle 