Des vies qui déraillent…
Dans la petite gare de Fulham, pas très loin de Londres, deux aiguilleurs travaillent ensemble depuis plus de 40 ans. Albert et Alfred répètent inlassablement les mêmes gestes dans une mécanique immuable. Albert le chef aiguilleur et Alfred, l’assistant, vivent dans cette gare comme un vieux couple. Quand Edward se présente comme le nouvel apprenti, la mécanique parfaitement huilée de ces deux vies va dérailler.
Joli texte que ces Aiguilleurs qui nous emporte au cœur de l’Angleterre oubliée pendant les années noires du tatchérisme. Sur fond de tragi-comédie, c’est la crise économique et sociale, l’isolement, qui sont ici racontés. La crise qui détruit les emplois, brise les vies autant que les espoirs. La crise qui enraye, dévie les trajectoires aussi brutalement que sournoisement. Nos aiguilleurs s’accrochent à leur routine parce qu’ils n’ont plus rien, oubliés des rouages d’une administration aveugle.
La mise en scène de Marianne Pujas est tout en simplicité, laissant les comédiens servir le texte avec beaucoup de justesse. On apprécie particulièrement Stéphane Broudian, excellent dans le rôle du naïf Alfred qui finira par s’effondrer quand sa routine sera piétinée par Edward. Fabrice Lemonnier et Marc Antoine Lestrat ne sont pas en reste dans interprétation aussi juste que sincère.
Les aiguilleurs est une tragi-comédie à la fois noire et triste, belle et tendre, qui nous transporte par sa belle et profonde humanité. Une réussite.
Les aiguilleurs, Brian Fhelam
Mise en scène Marianne Pujas
Avec Stéphane Broudian, Fabrice Lemonnier, Marc Antoine Lestrat