Dans la joie et la bonne humeur, Sylvain Levey, Festival de Maisons Laffitte

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Dernière pièce en compétition du Festival de Maisons-Laffitte, Dans la joie et la bonne humeur projette le spectateur dans le monde sans pitié de l’entreprise où le sens du profit a remplacé celui de l’humain. À travers une succession de saynètes, la pièce retrace le parcours d’un jeune DRH, jeune marié heureux, jeune cadre prometteur, qui se voit confier la restructuration de son entreprise.

Une succession de personnages et autant de brèves séquences, instantanés fugaces et vifs qui défilent comme un carrousel accéléré sur le monde du travail et ses effets délétères. Un candidat inquiet à l’idée de transpirer lors de  son entretien d’embauche, des salariés qui prennent, quotidiennement le train, les ouvrières qui veulent faire grève, une femme de 50 ans qui reçoit sa lettre de licenciement en même temps que sa médaille du travail.

SI le texte marie noirceur avec humour, on s’agace parfois de quelques formules («zygomatique, ça rime avec moustique », « achète toi des chemises, une par jour, comme avec tes slips quand tu étais petit », ou un « putain » franchement répétitif lors d’une scène). Néanmoins, on apprécie le réquisitoire de l’aliénation qui ronge petit à petit les salariés et les usent, humiliation après humiliation.

Le travail de le troupe du Charrado est inégal : si la mise en scène a sans doute pâti de la largeur de la salle Malesherbes de Maisons-Laffitte, on reste partagé entre certains passages touchants, comme par exemple les scènes de la vie conjugale de Bruno, qui va s’effriter au fil des ans, l’utilisation judicieuse et inventive de fauteuils pour figurer un train et leur danse, tout comme le souci constant et visible d’un équilibre de plateau : détail parfois oublié mais qui a son importance. D’autre part, on sera plus réservé sur les mimes répétitifs de chevaux, poissons rouges, le monologue de la femme licenciée qui reste trop souvent dos au public quand  elle raconte le suicide de sa collègue, les interminables imitations de galop.

L’autre bémol réside, finalement, dans le choix de la pièce ou plutôt de son adéquation avec les comédiens. Oui, il est évident que le choix d’une pièce est difficile quand on a x ou y comédiens, hommes ou femmes, à faire jouer. Oui, il fallait ici faire jouer 5 femmes et 3 hommes. Dans cette farce où la cruauté du monde du travail réduit en miettes les salariés, on imagine des jeunes trentenaires ou quadra, requins aux dents longues, virer les anciens. C’est sans doute ainsi que l’a imaginé l’auteur. Ici la plupart des comédiens sont des quinquas, voire un poil plus âgés : ils n’ont jamais l’air ni cyniques ni cruels, et la bienveillance des comédiens ne disparait pas assez derrière les personnages qu’ils incarnent (on a davantage envie de les inviter à boire un verre, voire leur confier nos propres soucis et bénéficier de leur sagesse !). Une crédibilité, donc, fragilisée. Fragile comme l’interprétation, plutôt inégale.

Une impression mitigée donc, avec néanmoins de bonnes idées. Et puis ils ont tellement l’air sympa qu’on n’a pas envie de ne pas l’être. Zut, quoi !

Dans la joie et la bonne humeur, Sylvain Levey
Mise en scène de Françoise Faisy
Troupe du Charrado

Festival de Théâtre de Maisons Laffitte

 

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