LA PETITE FILLE DE MONSIEUR LINH – Lucernaire

AFFICHE La petite fille de Monsieur Linh.jpg

Les adaptations de roman fleurissent décidément au théâtre ces derniers temps. Quels que soient les moyens des productions et la renommée des metteurs en scène, les productions publiques ou privées, Roberto Bolano, Gustave Flaubert, Dostoievski, Agota Kristof, Zweig, Tolstoï, pour les plus récents, ont été récemment adaptés. Au Lucernaire cet été, c’est au tour de Sylvie Dorliat de s’attaquer, sous la direction de Célia Nogues, au joli et touchant roman de Philippe Claudel, La petite fille de Monsieur Linh. Un bref roman, presque une novella, au style épuré, dépouillé, qui entraine le lecteur sur les pas d’un vieil homme qui fuit son pays et la guerre en emmenant avec lui la seule survivante de sa famille : sa petite fille Sang Diu. Un roman touchant et politique sur l’exil où l’on découvre le désarroi de ceux qui ont tout perdu et se raccrochent aux seules choses, aux seuls êtres qui leur restent comme à des bouées de sauvetage. Ceux qui se taisent et taisent leurs blessures.

L’adaptation d’un roman de Claudel par un seul en scène est un pari risqué : transmettre à la fois la poésie du style et l’âpreté du sujet, suggérer les images  tout en sachant s’effacer et ne rien ajouter d’inutile est une gageure. Si Sylvie Dorliat ne manque pas de conviction dans son interprétation, on regrettera les effets de mise en scène qui se succèdent et s’empilent : un peu de sable qui s’effrite entre les mains, tiens, une bougie qu’on allume,  ah, une lampe qu’on balance, hop, des ombres chinoises et des voilages qui se soulèvent, le tout résonne comme un catalogue de jolies idées dans lequel on a pioché (comme ce vieux livre / grimoire que vient lire la comédienne) (pourquoi ?) et que l’on a enfilées et mises bout à bout. C’est dommage car la scénographie en devient décousue, et l’histoire en est limite gommée devant cette accumulation de petites trouvailles. On ne pourra reprocher, certes, à Sylvie Dorliat d’aimer sincèrement ce texte, mais une interprétation très fougueuse, démonstrative quand elle joue Monsieur Bark par exemple, vient à l’encontre de la douceur de l’histoire, et ne laisse pas assez transparaître la tristesse, la solitude de Monsieur Linh derrière son jeu très énergique. Or, on vient au théâtre pour voir des personnages, pas des comédiens et je n’ai vu là qu’une illustration, pas une incarnation.

Bref, pour ce roman poétique et engagé on aurait aimé une mise en scène presque resserrée, centrée sur la force du récit qui se suffit à lui-même. On reste en dehors, passant à coté du texte fort, engagé, et tellement actuel. Dommage.

La petite fille de Monsieur Linh

D’après le roman de Philippe Claudel

Adaptation et jeu : Sylvie Dorliat

Mise en scène Célia Nogues

Théâtre Le Lucernaire, jusqu’au 20 août

Réservations au 01 45 44 57 34

 

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