Entre conte fantastique et film d’horreur de série B, La nuit et le chien et le couteau semble au départ totalement incongru, plongeant le spectateur dans une perplexité inattendue. Un jeune homme se promène dans la nuit et rencontre un autre homme à la recherche de son chien. Les deux hommes parlent, puis l’inconnu sort un couteau. Démarre alors une histoire étrange, qui mène le spectateur dans un conte gore, saisissant, aux frontières du surnaturel tout en gardant sans cesse une sacrée dose d’humour noir.
On découvre Louis Arène metteur en scène (que l’on connait surtout à la Comédie Française), qui signe là une mise en scène réussie, parvenant toujours à captiver le spectateur, le tenir en haleine et le faire rire tant les situations oscillent entre burlesque, conte fantastique et noirceur. Parce qu’au fond, on peut frémir tant l’histoire raconte au final une société pessimiste où les humains en sont réduits à s’entre-dévorer, dans la plus grande impunité. On peut frémir tant cette humanité semble avoir perdu toute.. humanité justement, se contentant de céder aux pulsions les plus sexuelles ou sanglantes. Mais grâce aux masques portés par les comédiens (tous excellents) qui leur donnent une allure de poupées blafardes, grâce aux effets et aux lumières qui plongent ce conte dans une atmosphère aux lueurs diffuses et surnaturelles, on reste sans arrêt sur le fil, ténu, entre science fiction et réalité, entre burlesque et poésie noire.
Le tout forme un conte, donc, fantastique, provoquant souvent les rires des spectateurs, nous interrogeant néanmoins sur la proportion d’humanité qui restera en chacun d’entre nous quand tout sera fini et qu’il faudra survivre.
Très inattendu, donc, mais que l’on attend de revoir sur Paris avec impatience.
Le Chien, la Nuit et le Couteau de Marius von Mayenburg
Munstrum théâtre, Mise en scène Louis Arène
avec Lionel Lingelser, François Praud, Victoire du Bois.
Dramaturgie Kevin Keiss, Création sonore de Jean Thévenin, Création lumières de François Menou, Création costumes de Karelle Durand, Scénographie de Louis Arene et Amélie Kiritzé-Topor Masques de Louis Arene
Festival d’Avignon OFF 2017, La manufacture, tous les jours à 15h20
Grande qualité de jeu, bien sûr, mais un peu trop grand guignol à mon goût: la recherche esthétique obscurcit trop le propos.
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