LE DERNIER JOUR D’UN CONDAMNE – V. Hugo – MES F. Boursier

 SNES LABEL

 

La dernière marche

Quand on entre dans la petite salle du Studio Hébertot, on distingue les contours d’une cellule sur scène. Un plancher de lattes blanches, un mur tout aussi blanc percé seulement d’une lucarne protégée par des barreaux. Un tabouret – blanc – Rien d’autre que cette lumière blafarde dans laquelle un homme va prendre la parole. Il est jeune, vêtu de noir, le cheveux lâche et le regard nerveux. Il attend. Déjà jugé et condamné – à mort – il attend : une révision, une grâce, un sursis. Il n’aura qu’une date, fatidique, inexorable, celle de son exécution.

Ce jeune homme, c’est Victor Hugo qui l’a imaginé. Publiée dans un premier temps sans nom, l’histoire de cet homme sera rééditée trois ans plus tard, signée par son auteur. Un monologue fort, sans fards et sans détours, ni n’exclut pas la responsabilité du jeune homme (« moi, misérable qui ai commis un véritable crime, qui ai versé du sang ! ») : au fil du récit, on devine, on sent la peur, le refus, la terreur de ce jeune homme qui voit peu à peu sa mort arriver inexorablement, on entend le peuple affamé de vengeance et de sang clamer à la mort, on s’émeut de cet enfant qu’il laissera orphelin.

Un texte fort, donc, interprété avec ardeur par William Mesguich. L’œil fiévreux, le corps fébrile, le comédien donne et se donne, juste et investi malgré quelques excès d’emphase : certains regards ou rictus trop appuyés n’étant pas nécessaires au public pour comprendre la détresse et la peur, adhérer au manifeste de Hugo ou frémir devant la barbarie de la peine de mort. Mais si le jeu, certes quelquefois trop appuyé du comédien convainquait dans l’ensemble, c’est à la mise en scène et la scénographie que l’on reprochera ses excès : alors que le décor, sobre avec ses quelques planches et sa fenêtre, suffisait amplement, les nombreux effets qui viennent souligner le texte sont d’autant plus envahissants qu’ils tendent à l’effacer voire le rendre inaudible. Que ce soient les effets de lumières, la fumée, les vidéos, les ruptures, ou bien plus encore la musique qui vient ponctuer solennellement chaque passage, le tout occulte le texte, vient le souligner sans nécessité, en privant le spectateur de toute sensation instinctive, primale, le guidant au contraire, l’emmenant, le bordant, presque, par une scénographie et une mise en scène ultra démonstratives.

C’est dommage, parce que le texte est fort et se suffit à lui-même. Quand on connaît le travail de François Boursier (Race[s], Sacco et Vanzetti, …) on reste perplexe devant cet excès de zèle et d’effets, mais on reconnait quand même à William Mesguich une ardeur et un investissement profonds, réels, sincères.

 

Le dernier jour d’un condamné, d’après Victor Hugo, adaptation de David Lesné

Mise en scène de François Boursier

Avec William Mesguich

Studio Hébertot jusqu’au 3 novembre 2017

Réservations au 01.42.93.13.04

 

 

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