Scapin tout feu tout flamme emballe la Comédie Française
Pour inaugurer la saison 2017 2018 au Français, c’est une des valeurs sures de la maison de Molière qui est donnée avec Les fourberies de Scapin dans une nouvelle mise en scène signée Denis Polalydès.
Le comédien français, après Le bourgeois gentilhomme, s’attaque à nouveau au créateur emblématique de la maison en proposant ici une version somme toute plutôt classique mais qui ne démérite pas, en entraînant une salle plus qu’enthousiaste à applaudir à tout rompre et rire aux éclats à plus d’une reprise pendant la représentation.
L’histoire pourtant est connue de tous : deux jeunes gens, loin de leurs pères se sont pris d’amour, l’un pour une bohémienne, l’autre pour une fille sans dot ni nom. Pour garder leurs fiancées, ils demandent au valet Scapin de les aider. Scapin, aussi roublard que rusé, facétieux que revanchard, malin que joueur, décide d’aider les jeunes hommes et de soutirer de l’argent à leurs avaricieux papas qui de leurs côtés ont décidé de les marier à d’avantageuses jeunes filles de belle famille.
La révélation Benjamin Lavernhe
Pour le rôle-titre, c’est à Benjamin Lavernhe que revient la tâche. Loin de démériter, le comédien surprend au contraire dans une partition sans fausse note : tour à tour dédaigneux, rusé, manipulateur, menteur et fichtrement audacieux, le jeune pensionnaire dévoile ici un talent insoupçonné, une énergie virevoltante et un charme ravageur. Si le rôle-titre cannibalise le reste de la distribution, on notera quand même l’étonnante transformation et le potentiel comique de Didier Sandre (méconnaissable et désopilant Géronte), la jeunesse et la fougue rafraichissante de Julien Frison (Octave) et Gaël Kamilindi (Léandre). Le reste de l’équipe ne démérite pas, que ce soient Adeline d’Hermy (un poil trop exubérante Zerbinette), Gilles David (pétochard Argante), Bakary Sangaré (complice et fidèle Sylvestre) ou Pauline Clément (gentille Haycinthe) (en alternance avec Claire de la Rüe du Can.
Un public transporté
Mener une équipe de choc sur un texte aussi connu, et le rendre désopilant, c’est le pari réussi de Denis Podalydès : classique, sa mise en scène ne révolutionne pas le genre mais lui rend un hommage ultra convaincant : avec la jolie scénographie signée Eric Ruf, les (forcément beaux) costumes de Christian Lacroix, l’énergie décuplée dont fait preuve Benjamin Lavernhe, il réussit à largement séduire le public. Hier, la salle abondamment remplie par un jeune public, vacances scolaires obligent, n’a cessé de rire et d’applaudir, régulièrement et intelligemment prise à parti notamment pendant la fameuse scène du sac. On en redemande, on participe, on devient gascon, on scande des Géronte furibonds et on se gausse à foison du pleutre dans son sac. L’idée et malicieuse et efficace.
On en sort avec un large sourire et l’envie de revoir Benjamin Lavernhe dans un autre grand rôle.
Les fourberies de Scapin, de Molière
Mise en scène de Denis Podalydes
Avec Benjamin Lavernhe, Bakary Sangaré, Gilles David, Adeline d’Hermy, Claire de la Rüe du Can ou Pauline Clément, Julien Frison, Gaël Kamilindi, et comédienne de l’Académie Maïka Louakairim et Aude Rouanet.
Scénographie Eric Ruf
Costumes Christian Lacroix
Comédie Française, jusqu’au 11 février 2018
Réservations au 01 44 58 15 15
Et également, à partir du 26 octobre, en rediffusion avec PathéLive
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