NENESSE – Aziz Chouaki, MES J.L. Martinelli

nenesse affiche

Nénesse, farce ratée au Dejazet

Nénesse est un ancien rockeur qui n’a gardé de ses années rock qu’un vieux pantalon de cuir usé, des dettes, la bière facile, un appartement miteux et sa femme, Gina. Pour survivre, ils louent à deux SDF une cabine Algeco installée dans leur salon : Aurélien, un russe sans papiers et Goran, un serbe musulman sans travail.

Nénesse est une « farce anthropologique », lit-on dans le communiqué de presse du nouveau spectacle mis en scène par Jean-Louis Martinelli au Théâtre Dejazet et écrit par Aziz Chouaki.  Une farce, donc, mais qui laisse le spectateur pantois au bout de 100 minutes qui seront à la fois longues et courtes. Longues parce que ce Nénesse ne cesse de proférer, d’asséner, pendant 100 minutes donc, des assertions xénophobes, homophobes, racistes, un inextinguible dégueulis verbal argotique et grossier qui devient vite assommant : on s’évade alors par la pensée, on sort de cette litanie nauséabonde et gratuite à défaut de pouvoir sortir physiquement. Courtes, donc, aussi.

Je lis, encore dans le communiqué de presse, que Nénesse est « la métaphore d’un possible contemporain qui représente une sorte de verrue sur le visage de l’Occident » et je m’interroge alors sur l’utilité de ce type de pièce. Il faut bien sûr écrire aussi pour dénoncer, le théâtre contemporain est entre autres le miroir de la société et doit la peindre jusque dans ses plus noirs tréfonds. Oui, Aziz Chouaki pointe l’envasement progressif mais inéluctable de Nénesse, figure allégorique d’une société où des exclus préfèrent rejeter la responsabilité de leurs malheurs sur les autres : les noirs les jaunes les marrons les homos les juifs les arabes et j’en oublie certainement. Mais il manque à Nénesse  une soupape, une échappée, qui permettrait au spectateur d’entrevoir quelque chose, une morale ou une sortie de secours. Malgré la belle performance d’Olivier Marchal notamment, qui oui, est un Nénesse impeccable en connard outrancier, malgré ses trois comparses aussi bons, Nénesse tourne en rond, s’englue dans une grossièreté tellement calculée et systématique qu’elle en est totalement contreproductive, jusqu’à l’épilogue final peu crédible qui finit d’achever le spectateur, assommé et médusé par l’impression d’avoir été le dindon d’une farce ratée, passée totalement à côté de ses ambitions.

Nénesse, de Aziz Chouaki

Mise en scène de Jean-Louis Martinelli

Avec Christine Citti, Hammou Graïa, Olivier Marchal et Geoffroy Thiebaut

Théâtre Dejazet, jusqu’au 3 mars

Réservations au 01 48 87 52 55

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