L’autobus, voyage absurde et délicieux
Il faut vraiment prendre L’autobus vers le Théâtre 13 et ne pas passer à coté d’un petit bijou d’humour absurde, absolument délicieux et résolument loufoque ! Tout ce que j’aime. Je ne connaissais pas l’auteur bulgare, Stanislav Stratiev, bien qu’il ait écrit, entre autres, La vie bien qu’elle soit courte (que j’ai donc hâte de découvrir, à présent). La pièce se passe dans un autobus où montent 9 personnages qui ne seront jamais désignés que par leurs vertus ou valeurs : le Virtuose, le Raisonnable, le Déraisonnable, l’Amoureuse, L’Irresponsable, l’Homme, la Femme, l’Amoureux, le Paysan. Mais le conducteur du bus, que nous ne verrons jamais, décide d’aller où il veut, sans se préoccuper de ses passagers, les brinquebalant malgré eux dans une épopée complètement barrée, au gré de son bon-vouloir et de ses volte-face. Quand ils comprennent qu’ils sont à sa merci, chacun réagit comme il le peut et le groupe explose, les natures se révèlent.
Épatant travail de groupe
Cette farce tragi-comique se veut une métaphore du régime communiste bulgare des années 80 : le conducteur invisible représente le pouvoir absolu et les passagers des pantins manipulés face au danger, qu’ils soient lâches, courageux, soumis, solidaires ou égoïstes, voire un peu de tout au fil des événements. L’absurdité de la situation est décuplée par la direction d’acteurs de Laurence Renn Penel, formée à la technique du clown : fardés, caricaturaux, les comédiens – tous excellents – incarnent à merveille le tragi-burlesque de la situation. La scénographie et les superbes lumières (Thierry Grand) font partie intégrante de la réussite du spectacle : une structure de fer, sans parois, représente le bus : quelques sièges montés sur ressorts, une échelle de fer, le tout est d’une ingéniosité folle au gré des virages que prend cet autobus et permet des retournements de situation… et de personnages drôlissimes.
Un pur moment de plaisir, donc, où la virtuosité des comédiens, le charme du décor et des lumières, la mise en scène ingénieuse mais pas prétentieuse servent à merveille un texte délicieusement absurde plus profond qu’il en a l’air. Sincèrement, ça fait un bien fou.
L’autobus, de Stanislav Stratiev
Mise en scène Laurence Renn Penel
Scénographie et lumières : Thierry Grand
Avec : Raphaël Almosni, Lionel Bécimol , Solal Forte, Gabrielle Jéru, Laurent Lévy, Natacha Mircovich, Gall Paillat, Christophe Sigognault, Marc Ségala
Traduction Athanase Popov, Costumes Cidalia Da Costa, Coiffures Julie Poulain, musique Stéphane Scott, Assistante mise en scène Elise Lebargy
Théâtre 13, côté Seine, jusqu’au 11 février
Réservations au 01 45 88 62 22