1 heure 23’ 14’’ et 7 centièmes, J. Gamblin et B. Lefèvre, Théâtre du Rond Point

 

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Deux hommes dans un gymnase

La grande salle Renaud Barrault du Rond Point se transforme en gymnase le temps de quelques semaines pour accueillir le spectacle de Jacques Gamblin, 1 heure 23’ 14″ et 7 centièmes. Une durée à la façon d’un chrono, d’un temps, d’une performance sportive. Et elle y sera, tant Jacques Gamblin et Bastien Lefèvre se dépassent sur scène : Jacques Gamblin, c’est l’entraineur, le coach ; Bastien Lefèvre est l’élève, le sportif, le performeur. L’un entre sur scène et l’autre le suit, ils courent, sautillent, reculent, font des pas de coté, se suivent, inversent leur course, repartent. Dépassement de soi, franchissement des limites, découragement, remotivation, un rapport à la fois de force mais aussi (presque) d’amour paternel et filial s’installe entre les deux hommes, le coach aimant son poulain, le sportif se révoltant parfois contre son entraineur, tout deux dépendants de l’autre.

Partition physique, chorégraphie poétique

Jacques Gamblin le comédien et Bastien Lefèvre le danseur se complètent à merveille : tandis que l’un parle avec ses mots, l’autre répond avec son corps, la performance est là, tant dans le dépassement physique que dans une jolie poésie corporelle faite de mimes, de danse, de sauts, de courses. Si le texte peut laisser de marbre tant il est réduit à minima et ne révèle, au final, qu’une intention réduite, on se régale quand Jacques Gamblin se lance dans une énumération alphabétique des sports, de l’aïkido l’aérobic la natation le ski… la zumba… le tout en presque apnée : impressionnant, tout autant que certaines punchlines (« Tu peux tout perdre de la peur de tout perdre » « Tu as le droit d’aller mal, mais tu n’as pas le droit de rien faire pour aller mieux »).

Un texte rare donc, réduit à l’essentiel, mais je retiens aussi, et surtout, la très jolie scénographie mais plus encore les lumières de Laurent Béal : il joue avec les ombres, projette les silhouettes, défie les perspectives : un jeu d’ombres et de lumières qui fait partie intégrante voire indispensable de la réussite du spectacle. J’y suis toujours particulièrement sensible, ici j’ai été conquise.

« Laisse ta déception s’étaler, elle s’évaporera plus rapidement ». Ici point de déception, juste une performance que l’on regarde avec plaisir.

1 heure 23’14 et 7 centièmes de Jacques Gamblin et Bastien Lefèvre

Lumières Laurent Béal

Scénographie Alain Burkarth

Théâtre du Rond-Point jusqu’àu 18 mars 2018

Réservations au 01 44 95 98 21

 

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