PAPA VA BIENTÔT RENTRER – Jean Franco – MES José Paul, Théâtre de Paris

PAPA DERNIERE

Desperate housewives, 1967

Il y a des pièces, comme ça, que l’on découvre un peu par hasard : Papa va bientôt rentrer en fait partie. Je ne connais l’auteur (Jean Franco, auteur, entre autres, de La candidate, Panique au ministère ou Un week end sur deux et la moitié des vacances scolaires) que de nom et sa production semble assez éloignée de mon paysage théâtral habituel. Mais d’autres noms ont attiré mon attention, notamment ceux de Marie-Julie Baup ou José Paul à la mise en scène, semant le doute. Et puis Mordue de théâtre en a fait un coup de cœur sur Radio Mortimer, d’autres avis ont éveillé ma curiosité, et me voilà par une soirée glaciale devant le théâtre de Paris. Bien m’en a pris, parce que ce fut une soirée charmante, une soirée où l’on se dit en rentrant que l’on a vu un bien joli spectacle et que l’on a oublié, le temps d’un intermède ravissant, sa journée ses emmerdes et ses tracas, voire les températures polaires qui nous attendent la sortie.

Papa, c’est ou plutôt ce sont ces soldats américains partis au Vietnam : Jean Franco s’est inspiré des Flat daddies des années 2000, des silhouettes à plat sur lesquelles étaient collées des photos des soldats (hommes ou femmes) et offertes à leurs familles, notamment aux enfants pour combler l’absence de l’être cher pendant la guerre en Afghanistan. Mais ici nous sommes en 1967 dans une banlieue un peu cossue dans le Maine. Mia et Suzan sont amies et attendent le retour de leurs maris partis au Vietnam. Deux desperate housewives qui attendent leur retour du héros. Un jour, un déserteur vient se réfugier chez Mia et l’on apprendra vite que s’il vient chez Mia, ce n’est pas par hasard.

Une comédie drôle, mais pas que.

Jean Franco signe ici une comédie ravissante, tout aussi drôle que touchante. Au-delà de l’histoire de ces deux jeunes et désœuvrées épouses viennent affleurer des sujets plus profonds comme le sens que l’on a donné à sa vie, les idéaux que l’on a abandonnés trop facilement ou trop paresseusement, la loyauté amicale et les amours perdues.  Bien sûr, le ton reste léger, on rit souvent, mais d’un rire touché, jamais gratuit. Bien sûr, le tout aurait pu être encore plus creusé, fouillé, mais ce n’est pas un souci tant la mise en scène de José Paul, toute en vivacité et sans excès d’énergie ou de volte-face inutiles et gratuits laisse les comédiens s’amuser et amuser le public. En premier lieu, les deux comédiennes se complètent parfaitement : Marie-Julie Baup est une Mia subtile qui, derrière la façade de gentille épouse va dévoiler une facette plus trouble de jeune femme partagée entre ses convictions de jeunesse et son statut de jeune maman. Lisiane Meys réussit à donner à Suzan, la gentille épouse un peu (beaucoup) naïve, une sensibilité et une clairvoyance inattendues. Benoît Moret saura donner à Isaac la couleur nécessaire pour exister face à ces deux personnages féminins et former un trio ultra attachant.

Un vrai moment de plaisir, donc, qui ravit autant qu’il touche. Courez-y, mais courez-y vite : la pièce s’arrêtera le 11 mars, plus tôt que prévu. Faute de spectateurs, parait-il ? C’est bizarre : hier, la salle a beaucoup ri, beaucoup applaudi, beaucoup aimé. Il y avait dans ces rires la spontanéité d’un public qui s’abandonne au plaisir mais savoure la subtilité, des rires émus mais pas gras, des rires sincères, joyeux, touchés. Le mien en faisait partie.

 

 

Papa va bientôt rentrer, texte de Jean Franco, avec Jean-Yves Roan

Mise en scène José Paul

Avec Marie-Julie Baup, Benoit Moret, Lisiane Meys

Théâtre de Paris, jusqu’au 11 mars 2018

Réservations au 01 42 80 01 81

 

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