COUPES SOMBRES – Guy Zilberstein, MES Anne Kessler -Théâtre du Rond Point

Coupes sombres

Métaphore sylvicole au Rond-Point

Quand commence Coupes sombres au Rond-Point, c’est d’abord un bucheron qui s’avance sur la scène : armé d’une hache, l’homme (Pierre Hancisse) explique aux spectateurs que le terme Coupe sombre est, dans le langage courant, employé à contre sens : une coupe sombre, en sylviculture, consiste à abattre seulement quelques arbres dans un bosquet de façon à ne pas laisser la lumière envahir l’espace, au contraire de la coupe claire. L’Académie Française confirme la chose en précisant qu’un auteur devrait d’ailleurs davantage redouter les coupes claires, bien plus dangereuses pour son texte que les coupes sombres ! Las, l’expression est dans les mœurs et nous voilà assistant à la rencontre entre un auteur et son metteur en scène. Elle dit couper, il entend sabrer, sectionner, abattre. Elle dit élaguer, il entend tronçonner.

Le duo se transforme vite en duel tant ces deux-là nous amusent avec leurs discussions, négociations, tergiversations qui démarrent pourtant autour d’une simple réplique « Les objets ne prennent un sens que dès l’instant qu’ils nous échappent ». Et de cette phrase à couper va découler un match autour du texte, du travail de l’auteur, autour du théâtre et de la mise en scène. C’est drôle, les répliques font mouche et les interventions du bucheron viennent apporter de réjouissant intermèdes poétiques quand il cite Ronsard ou Lafontaine. Pierre Hancisse est d’ailleurs savoureux en bucheron poète et chacune de ses apparitions métaphoriques séduit le public. Serge Bagdassarian prend visiblement un plaisir vif à incarner un auteur torturé à l’égo aussi élevé que fragile et ses mimiques effarées autour de chaque proposition suffisent à déclencher les rires.  Anne Kessler est plus surprenante en metteur en scène fluette presque adulescente, treillis et Rolling Stones aux écouteurs mais le duo ou plutôt trio fonctionne à merveille et transforme cette petite heure en savoureux moment de plaisir léger à déguster comme un petit beurre.

Coupes sombres, de Guy Zilberstein

Mise en scène Anne Kessler

Avec Serge Bagdassarian, Pierre Hancisse, Anne Kessler

Théâtre du Rond-Point jusqu’au 15 avril 2018

Réservations au : 01 44 95 98 21

 

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