LE MONTE PLATS – Harold Pinter – MES Étienne Launay – Le lucernaire

 

AFFICHE Le monte-plats

Jeu de miroirs pinterien au Lucernaire

Au Lucernaire décidément la compagnie de la Boîte aux Lettres ne se contente pas de faire rire en ce début d’année : après L’affaire Courteline mis en scène par Bertrand Mounier c’est Etienne Launay qui s’attaque non pas à un vaudeville mais au maître de la menace et de l’absurde, Harold Pinter avec Le monte-plats.

Le monte-plats, c’est un théâtre absurde où la menace sourd à chaque minute. Deux tueurs attendent leur prochain contrat dans une cave. En attendant de tuer ils tuent le temps en discutant. Ben, le taiseux et Gus le volatile, celui qui attend et celui qui s’impatiente, mais tous deux obéissent aveuglément aux instructions qui leur arrivent d’une organisation toujours invisible. Quand un monte-plat se met brutalement en marche, leur routine se fissure et les deux hommes obéissent machinalement aux ordres venus d’un en-haut invisible, renvoyant nourriture et confiseries au rythme imposé et se pliant aux instructions de cette nouvelle hiérarchie.

Le public attend donc deux hommes, donc, et dès l’ouverture de la pièce il sera surpris de voir non pas deux mais quatre comédiens entrer et sortir du plateau. Mais très rapidement seulement deux d’entre eux vont s’installer et commencer. A-t-on rêvé ? Étaient-ce deux autres tueurs d’une autre équipe que l’on aura aperçus pour ne plus les revoir ? On comprend alors très vite qu’Étienne Launay a fait un choix ma foi audacieux en décidant de décupler son équipe : tout au long de la pièce, deux Ben et deux Gus intervertiront les scènes, l’un commençant et l’autre terminant, alors que le plateau est séparé en deux parties et qu’il n’y aura toujours qu’un Ben et un Gus sur scène. Déroutant au début, mais le tout est fluide, les comédiens enchaînent sans que le public ne se perde dans ce jeu de miroirs. A cour, l’ excellent Bob Levasseur et Mathias Minne, à jardin Benjamin Kühn et Simon Larvaron. Deux duos efficaces, très différents, qui réussissent l’exercice périlleux d’une partition à quatre mains prévue pour deux.

La mise en scène précise, réglée au millimètre, permet aux comédiens d’enchainer avec rythme et fluidité. Ce qui est de toute façon nécessaire au théâtre est ici primordial pour ne pas perdre le spectateur dans ce double face inattendu : le pari est réussi et le tout exécuté avec brio, précision et conviction.

Un Pinter surprenant, plus absurde que menaçant, dont on appréciera l’audace et le culot.

Le monte plats, d’Harold Pinter

Mise en scène de Etienne Launay

Avec Bob Levasseur, Mathias Minne, Simon Larvaron et Benjamin Kühn

Théâtre du Lucernaire, 18h30, jusqu’au 20 mai

Réservations au 01 45 44 57 34

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s