LA GUERRE DE TROIE (EN MOINS DE DEUX) – Théâtre 13, Jardin

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Troie fois rien, deux fois plus de plaisir

Que l’on connaisse ou pas, par cœur, les épisodes de la guerre de Troie, les noms de Pâris, Hélène, Achille ou Pénélope ou Ulysse nous disent forcément quelque chose. Le théâtre du Mantois (qui sera LA découverte, pour moi, sachant que nous ne sommes pas si éloignés que ça) s’attaque, avec La guerre de Troie (en moins de deux) au récit épique des dix années de guerre entre les grecs et les troyens, de l’enlèvement d’Hélène à la fin de la guerre avec le fameux cheval de Troie. Epique, oui, mais jamais pesant tant l’écriture va à l’essentiel en résumant le tout, sans pour autant oublier ce qui est important : on verra ici défiler en moins de deux heures, en plus des suscités, Astyannax, Ajax, Ménélas, Priam, Philoctète, Hector, Aphrodite, Athéna, Zeus ou encore Iphigénie… On verra défiler des armées de guerriers, descendre les dieux de l’Olympe, pleurer des nymphes…., le tout dans un récit à la fois endiablé et épique, fougueux mais maîtrisé, condensé mais complet.

Et on se régale, tant les comédiens passent d’un personnage à l’autre en un tour de costume, d’accessoire ou d’attitude : un rien suffit et voilà qu’apparait de désopilant Ulysse, le redoutable Ajax ou la fragile Iphigénie. Leur enthousiasme, leur énergie, confèrent à l’ensemble une gaité communicative d’autant que les trouvailles de Jérôme Imard à la mise en scène, apportent une touche décalée et gentiment foutraque : les anachronismes, ici, sont des boutades (des armes à feu, voire des chaises, font figure de lances, on se demande son 06), … Le combat entre Hector et Achille se transforme en joute verbale à coup d’insultes toutes aussi imagées et incongrues les unes que les autres : l’idée est tout simplement excellente et le public en est hilare. Quant à Hélène, la reine de cette histoire, celle par qui tout a commencé, elle est représentée par… une poupée Barbie : la trouvaille est de taille !

Je pourrais continuer de détailler le tout, le décor ultra minimaliste (une table, des chaises), les costumes modulables, les chansons parsemées (en chœur ou en solo), l’accompagnement au piano qui ponctue le récit déjà bien endiablé.. mais en fait rien ne saurait vraiment transcrire le ravissement que l’on éprouve devant La guerre de Troie (en moins de deux) et cette épopée décomplexée, riche, d’une sincérité et d’une générosité folles, tant cette belle équipe, qui sans se prendre au sérieux présente un travail en réalité d’une grande rigueur, est réjouissante.

En fait on a envie d’y retourner, pour y découvrir moults détails qui nous auraient échappé, ou tout simplement, par pure gourmandise.

(c)Laure Ricouard

(c)Laure Ricouard

 

La guerre de Troie (en moins de deux), de Eudes Labrusse d’après : Euripide, Hésiode, Homère, Sophocle, Virgile…

Mise en scène : Jérôme Imard et Eudes Labrusse.

Scénographie, costumes, accessoires : Cécile Pelletier.

Musique (piano / guitare) : Christian Roux.

Avec : Catherine Bayle, Audrey Le Bihan, Hoa-Lan Scremin, Laurent Joly, Nicolas Postillon, Loïc Puichevrier, Philipp Weissert.

Production : Compagnie du théâtre du Mantois

Théâtre 13 / Jardin – jusqu’au 10 juin 2018

 

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