DE DINGEN DIE VOORBIJGAAN – MES Ivo van Hove – D’après Louis Couperus – Festival d’Avignon IN 2018

 

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Perdus dans le noir d’Ivo van Hove

Ivo van Hove revient au Festival d’Avignon deux ans après avoir fait sensation avec Les damnés, adaptation du film de Luccino Visconti. Ici, point de cinéma mais un auteur flamand méconnu en France, Louis Couperus, que le metteur en scène souhaite faire (re)découvrir en adaptant trois de ses romans (De stille kracht, De boeken der kleine zielen et Van oude menschen, de dingen, die voorbij gaan… ). Une tragédie familiale, un crime commis dont le secret est bien gardé dans cette bourgeoisie flamande du début du XXème siècle. Deux générations plus tard, les fiançailles d’un jeune couple viennent réveiller tous les secrets consciencieusement enfouis.

Ivo van Hove dit vouloir tester avec ce nouvel opus une nouvelle forme de théâtralité très loin des Damnés, ou de Tragédies Romaines : sans caméras, sans décors ou presque, dans un espace scénique dénudé, blanc, bordé de chaque côté par une rangée de chaises, les comédiens entament, tels un chœur antique, le récit de cette tragédie familiale. Une horloge en fond de scène vient souligner de son tic tac chaque minute chaque seconde qui s’égrène avec lenteur dans cette société puritaine.  Les comédiens avancent au centre de la scène, engoncés dans de rigides costumes noirs très monastiques. Le tout est aussi austère que la société rigoriste que Couperus dépeint. Le travail scénique de Jan Versweyveld est d’une beauté monacale mais glacée, magnifique mais sépulcrale. Seules deux scènes viendront raviver le tout : une nuit de noces sensuellement accompagnée par une chanson de Nina Simone et une somptueuse pluie de neige noire, que les comédiens viendront souiller de leurs pas blancs : l’image est d’une beauté hypnotique et hante encore mes souvenirs. Cela n’a pas suffit malheureusement à me sortir de ma torpeur : malgré le jeu des comédiens, tous impeccables, tous magistraux, tous sidérants de perfection (mais il s’agit du Toneelgroep, probablement une des meilleures troupes qui existe aujourd’hui), malgré la scénographie ultra léchée, malgré le très bel accompagnement musical de Harry de Wit, le texte de Louis Couperus, que l’on découvre à travers le surtitrage en surplomb de la scène, ne parvient pas jusqu’à nous, trop occupés que nous sommes à observer, écouter, tenter de remonter le fil du temps et pénétrer sans succès dans ce drame familial qui nous échappe. On reste alors spectateur d’une histoire austère et grise, belle et infiniment triste, dont la porte nous reste fermée.

De dingen die voorbijgaan, d’après Louis Couperus

Adaptation Koen Tachelet

Mise en scène Ivo van Hove

Avec Katelijne Damen, Fred Goessens, Janni Goslinga, Aus Greidanus jr., Abke Haring, Robert de Hoog, Hugo Koolschijn, Maria Kraakman, Majd Mardo, Celia Nufaar, Frieda Pittoors, Luca Savazzi, Gijs Scholten van Aschat, Bart Slegers, Eelco Smits

Dramaturgie Peter Van Kraaij
Chorégraphie Koen Augustijnen
Musique Harry de Wit
Scénographie, lumière Jan Versweyveld

Festival Avignon IN 2018

 

 

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