Que savons nous de ceux qu’on aime ?
Au départ, il y a seulement Luca, sur scène. Sur une toile blanche tendue en fond de scène, de l’eau claire, de l’eau limpide : Luca sombre, il s’enfonce, il disparait. Et puis viendra Anna, suivie de Léo. Chacun racontera son histoire : Anna la fiancée de Luca, et Léo, le jeune prostitué, l’amant secret. Luca, Anna, Léo, tous trois prendront la parole tour à tour pour dénouer le fil de leur histoire.
Luca est mort noyé, donc, on ne connait pas la cause : suicide, accident ? Mathieu Touzé adapte le roman de Philippe Besson avec beaucoup de sobriété et de délicatesse, laissant la part belle au texte : les monologues se suivent, les récits s’enchainent et petit à petit se déroule l’histoire de Luca, d’Anna et de Léo. Quelques projections vidéo viennent souligner le récit. Geoffrey Dham (qui remplace ponctuellement Yuming Hey parti à Lisbonne retrouver l’équipe d’Actrices avec Pascal Rambert) incarne avec une grande justesse Léo, le gosse des rues, le prostitué blasé qui ne fait l’amour qu’avec Léo : les autres le paient, les autres, ce n’est pas pareil. Estelle N’Tsendé est une excellente Anna, qui dans son deuil va devoir découvrir et affronter l’infidélité de son amant. Mathieu Touzé est Luca, l’homme aux secrets, l’homme qui ne voulait pas choisir entre deux amours.
Dans la petite salle du théâtre Transversal, complète, on écoute et on absorbe les paroles des comédiens, on se laisse aller, portés par l’émotion savamment distillée, jamais brutale, toujours pudique. Si les quelques chansons paraissent ici superflues, on les oublie bien vite pour se laisser porter par cette histoire et ces fils qui se détissent jusqu’à la vérité : on ne connait jamais vraiment les gens que nous aimons.
Une histoire triste et belle, qui donne envie de découvrir le roman de Besson, et de suivre le Collectif Rêve concret.
Un garçon d’Italie, d’après le roman de Philippe Besson, MES Mathieu Touzé
Collectif Rêve concret
Avec Estelle N’Tensé, Yuming Hey en alternance avec Goeffrey Dahm, Mathieu TOuzé
Festival d’Avignon OFF 2018, Théâtre Transversal, 10h35, relâche les 11, 18 et 25 juillet