Chute libre
Lui, c’est Jean-Claude Barbès. Une femme, un fils, un job, un appartement, une petite vie bien tranquille dans un destin bien tranquille. Jusqu’au jour où Jean-Claude perd son job. Licenciement. Hop, dehors. On ne prend pas de gants avec les cadres moyens, les héros banals, les quidams. Alors Jean-Claude Barbès va tout perdre : plus de job, plus de salaire, plus de revenu, plus d’appartement, plus de femme plus d’amis plus de rien. Jean-Claude se retrouve, littéralement, à poil. Ou plutôt en caleçon, symbole du peu de dignité qu’il lui restera.
Sur le plateau, rien, strictement rien si ce n’est quatre comédiens-narrateurs ultra énergiques qui jouent tous les personnages de l’intrigue : un patron, un homme politique, des collègues des amis des membres de la famille, des voisins des commerçants des huissiers (seul le comédien qui joue Jean-Claude Barbès ne change jamais de personnage). Ce défilement de saynètes, cet enchainement de situations symbolise à merveille la rapidité avec laquelle tout peut arriver, tout peut basculer. Ça va vite, très vite, ça pétille, ça grince aussi un peu parce qu’après tout c’est une satire (tout comme ce maire qui décide de se transformer en lapin pour plaire à ses électeurs (qui élisent un Lapinou, donc)), ça virevolte comme dans la tête de ce pauvre Jean-Claude Barbès qui finit par ne plus comprendre ce qui lui arrive, et au final ça réussit carrément bien l’exercice de la farce sociale racontée avec rythme et énergie, sans qu’elle perde sa causticité, ni sa pertinence.
On rit, on rit, mais Jean-Claude Barbès ça pourrait être vous, ou moi : ça pique un peu sous les rires, et c’est ça qui est bien.
Batman contre Robespierre, de et par Alexandre Markoff
Avec : Farid Amrani, Sébastien Delpy, Sylvain Tempier Aline Vaudan
Festival d’Avignon OFF 2018, Théâtre du Train Bleu, 19h30, relâche les lundis