Le potentiel théâtral de David Foenkinos
Il est mignon, le roman de David Foenkinos. Mignon, pas inoubliable, parfois drôle, parfois rasant. Comme son personnage principal, en fait. Hector, collectionneur solitaire, asocial chronique qui se réfugie dans la collectionnite aigue : des piques apéritifs aux pins, des tickets de métro aux autocollants, Hector collectionne tout ce qui passe et tout ce qui lui permet de se tenir bien à l’écart des autres, mis à part ses parents et son frère avec qui il déjeune scrupuleusement chaque dimanche. Dans une autre vie ou chez un autre auteur, Hector aurait pu s’appeler François Pignon. Sauf qu’un jour, Hector va rencontrer sa femme.
C’était un pari risqué : adapter à la scène un roman très narratif, une histoire un poil rocambolesque, dont le principal attrait réside dans le style, la verve de l’auteur qui manie et marie humour et délicatesse, rendant le tout attachant, cocasse parfois, sans être inoubliable.
Le pari était risqué, donc, mais Sophie Accard le réussit plutôt bien avec une mise en scène très vive, toute en rythme et en vivacité. L’espace scénique est habilement séparé en trois lieux distincts, un narrateur (Léonard Prain, impeccable) accompagne les spectateurs dans cette histoire à la fois improbable et burlesque, en alternance avec des saynètes jouées avec beaucoup d’énergie par le reste de l’équipe. Le tout est fichtrement efficace et donne au récit le rythme nécessaire pour attirer le spectateur dans ses filets, d’autant que la distribution est impeccable et que tous jouent ensemble avec une joie visible. On notera bien sur la prestation hilarante de Benjamin Lhommas qui enchaine les personnages (souvent en un tour d’accessoire) et est irrésistible en beau-frère bas du plafond. Léonard Boissier est un Hector aussi naïf que touchant, Sophie Accard est une Brigitte d’une grande sincérité tandis qu’Anaïs Merienne et Jacques Dupont forment un couple de parents – ou d’amis – des plus cocasses.
Une belle adaptation, donc, souvent drôle et portée par une équipe investie et convaincue, qui réussit à faire oublier la légèreté d’un texte très superficiel et transforme la soirée en petit moment pétillant et agréable.

Photo F. Rappeneau
Le potentiel érotique de ma femme, de David Foenkinos
Avec Sophie Accard, Léonard Boissier, Jacques Dupont, Benjamin Lhommas, Anaïs Merienne, Léonard Prain
Adaptation Sophie Accard et Léonard Prain
Théâtre 13, Jardin, jusqu’au 7 octobre 2018
Réservations au 01 45 88 62 22