
Le théâtre du Petit Monde ravive L’école des femmes au Dejazet
J’étais donc passée à coté de cette École des femmes cet été à Avignon. Las ! Erreur réparée cet hiver au Dejazet où Nicolas Rigas et sa compagnie, le Théâtre du Petit Monde, posent leurs valises jusqu’au 31 décembre avec une proposition insolite et classique. Car ici, si le texte de Molière est dit dans son intégralité, Nicolas Rigas y distille avec beaucoup d’ingéniosité du chant lyrique (avec des airs des Contes d’Hoffman), des intermèdes musicaux (violon,violoncelle et flûte) … et des acrobaties dignes des arts martiaux.
Le résultat pourrait paraître déroutant, il n’en est rien tant les comédiens s’adonnent avec une énergie folle à leurs personnages : Nicolas Rigas est Arnolphe, ce bourgeois qui a fait élever une enfant, Agnès, dans l’isolement le plus total afin d’en faire l’heure venue une épouse soumise et fidèle. Tour à tour fat et obtus, stupide et misogyne, Nicolas Rigas parvient à rendre (presque) touchant cet homme médiocre qui a, finalement, si peur d’être quitté. La chanteuse lyrique Amélie Tatti (en alternance avec Antonine Bacquet) est une Agnès toute en crédulité mais aussi en malice dont la voix ravit dès qu’elle entonne l’air d’Antonia. Martin Loizillon donne à Horace la jeunesse, la fougue et la candeur nécessaires pour exister face au charisme de Nicolas Rigas. Le reste est au diapason et les deux acrobates Romain Canonne et Jean Adrien (Alain et Georgette) provoquent des éclats de rire dans la salle avec leurs combats épiques et martiaux. On pourrait s’interroger sur leur utilité, il n’en est rien tant le spectacle est d’une gaité hautement contagieuse.
Ce mélange des genres laisse malgré tout entendre avec une grande clarté le texte de Molière et sa critique acerbe de la misogynie et de la toute puissance masculine de l’époque. Du prologue pagnolesque et réussi à la fin saluée par de sonores bravos, Molière n’aurait pas renié cette proposition qui mêle théâtre farce et opéra et qui, portée avec énormément de joie et de conviction par une équipe pétulante, ravira autant un public jeunesse qu’un public adulte. C’est frais, c’est drôle, c’est énergique c’est virevoltant, et ça, on en redemande, par les temps qui courent.
L’école des femmes de Molière – Offenbach
Mise en scène Nicolas Rigas
Avec Martin Loizillon, Nicolas Rigas, Antonine Bacquet ou Amélie Tatti, Philippe Ermelier ou Raphaël Schwob, Salavatore Ingoglia, Romain Canonne, Jean Adrien
Violon : Jacques Gandard ou Karen Jeauffreau
Violoncelle Robin Defives
Flûte : Emma Landarrabilco
Théâtre Dejazet jusqu’au 31 décembre,
Réservations au 01 48 87 52 55
Une mise en scène particulièrement efficace, j’ai passé un excellent moment de théâtre.
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