Dans cette pièce, Torben Betts dépeint avec férocité une famille anglaise de la fin du XX ème siècle qui tente d’échapper à la réalité par les conventions sociales, l’alcool, la religion …Il égratigne à cette occasion l’engouement pour l’écologie, l’art, les relations inter-générations…Une géniale comédie de mœurs, aussi hilarante que bouleversante…
La sourde oreille est de ces comédies anglaises qui nécessitent une oreille attentive tant le sujet profond se cache dans le sous-texte et les silences : quand elle commence, une famille se retrouve lors d’un enterrement. La mère, qui cache sa douleur sous des montages de bavardages, le père a priori dépassé, un oncle odieux, une grand mère, une tante alcoolique ou la sœur du défunt qui essaie, elle, de survivre dans cette famille et dans la vie tout court. Une oreille attentive, donc, qui entendra les conflits, les rancœurs, les aigreurs et les détresses de cette famille devenue dysfonctionnelle à force de ne plus se parler. La mise en scène de Marie-France Maurice est classique et laisse la part belle aux comédiens, notamment à Thérèse-Marie Poreye, désopilante Rosie qui noie dans des litres de vodka ou gin son désespoir de femme ignorée par son mari, ou Jacques Demarre, ignoble Derrick (le mari de Rosie, justement) à la présence scénique indéniable. Si le tout manque un peu de rythme et mériterait un peu plus de tension, on apprécie néanmoins le texte, son humour désabusé et le désespoir qu’il laisse entendre, jusqu’à la déflagration finale, toute aussi désabusée.
La sourde oreille, de Torben Betts,
Compagnie du Saute Ruisseau, mise en scène Marie-France Maurice
Avec Katia Blas, Thérèse-Marie Poreye, Marie-France Maurice, Rémi Moureau, Claire Menga, Jacques Demarre