40° sous zéro, farce bouillonnante et décapante
Il y a deux ans lors du OFF 2017, Le chien la nuit et le couteau m’avaient emportée dans l’univers baroque et déjanté du Munstrum Théâtre. Cette année, les revoilà avec deux courtes pièces de Copi : Quarante degrés sous zéro et Les jumelles. Il y est question dans la première de 3 femmes transexuelles : la mère, la fille et l’amante de celle-ci. La fille, Irina, couche avec tout ce qui passe, la mère ne veut pas que sa fille parte, l’amante rêve de partir avec la fille, qui d’ailleurs est enceinte (de qui ? On ne saura pas et de toute façon l’enfant passe). Dans la seconde, deux jumelles, droguées jusqu’à la moelle, vivent en Alaska, et reçoivent la visite d’une autre paire de jumelles venues… on ne sait plus vraiment, en fait, ce qu’elles sont venues faire. En tous cas, ce petit quatuor va s’entretuer s’entedroguer s’entrenlacer dans une chorégraphie férocement macabre et déjantée. Dans les deux cas, tout ce petit monde attend un train, le Transibérien pour les premières, le Transalaska pour les secondes.
C’est difficile de trouver les mots pour décrire ces deux farces où l’absurde, le burlesque, le macabre, le caustique, se mêlent et s’entremêlent dans une escalade de provocation où le trash rivalise avec l’absurde. Provocation et trash oui, mais l’auteur (que je ne connaissais pas, honte à moi), bouscule tant et tant les codes de la bien-pensance, de la morale, qu’il finit par emporter tout ce qui pourrait nous empêcher de savourer la proposition du Munstrum Théâtre. Nous voilà donc emportés par un torrent d’irrévérence, de burlesque, aussi visuellement beau qu’hypnotisant. Les comédiens sous leurs masques et leurs prothèses jubilent dans un jeu toujours plus convaincant, les costumes de Christian Lacroix sont à la fois exubérants et munificents (très Lacroix, donc), la scénographie, les lumières sont superbes, tout, y compris le chien et les chansons, tout est envoûtant. Le public est emporté par ce torrent de folie, captif et fasciné, jusqu’au final, sidérant.
Le tout est follement esthétique, follement drôle et follement provocant. Le tout est fou, aussi fou que le public quand il sort, totalement séduit et ne voulant qu’une chose : y retourner.
La manufacture, 21h35 Réservations au 07 83 60 86 40