Apocalypse bébés
Un jeune homme et une jeune femme sont enfermés dans ce qui semble être un sous-sol obscur. Des vivres entassés, des lits superposés, le confort est spartiate, l’atmosphère sinistre. On comprendra vite qu’une bombe atomique a été lancée. Le jeune homme, Mark, a sauvé Louise et réussi à la transporter dans un abri dissimulé au fond de son jardin. Lui, le prévoyant, le sceptique, le solitaire, avait un abri : il a pu se sauver. Louise, elle, ne se souvient de rien après qu’elle se soit évanouie. De là-haut ils n’entendent que le silence et ne peuvent sortir par peur des particules radioactives.
Entre Mark le timide, le réservé et Louise l’extravertie va se nouer une relation ambiguë entre protecteur et protégée, dominant et dominée. L’auteur Denis Kelly joue habilement avec les situations en inversant à plusieurs reprises le rapport de force entre les deux personnages, le confinement les poussant petit à petit à user de toutes les solutions, quelles qu’elles soient, pour survivre. Il n’oublie cependant pas de distiller ça et là des touches d’humour, salvatrices dans cette atmosphère sombre.
Un tel texte repose avant tout sur la composition des comédiens : Marie Petit est convaincante en Louise d’abord perdue puis de plus en plus rebelle et déterminée. Xavier Guelfi parait plus effacé, mais cette discrétion convient à son personnage moins inoffensif qu’on veut le croire : on aimerait qu’il soit cependant encore plus inquiétant, mais cela devrait venir au fil des représentations. La mise en scène d’Antonin Chalon, précise, calculée jusque dans les inter-scènes où le temps défile dans ce bunker coupé du monde, distille lentement les doutes et fait joliment la part belle au texte. Bref, un After the end de belle facture, qui gagnera en perversité et ambiguïté au fil des représentations.
After the end, de Dennis Kelly
Mise en scène de Antonin Chalon
Avec Marie Petit et Xavier Guelfi
Festival d’Avignon OFF 2019, la Manufacture, tous les jours à 13h40
Réservations au 07 83 60 86 40
Théâtr'elle 