Daniel Blake est menuisier. Pas encore 60 ans mais pas loin, il doit arrêter de travailler après un infarctus. Après une consultation par un employé de l’agence du travail, il se voit privé des aides sociales auxquelles il avait droit, et doit chercher du travail pour prétendre à l’allocation chômage. La situation est ubuesque, il doit chercher un travail alors qu’il ne peut travailler. Il rencontre une mère célibataire, Katie, en prise elle aussi au délire kafkaïen d’une administration inflexible et insensible.
Le britannique Ken Loach a remporté la palme d’Or en 2016 avec Moi, Daniel Blake : un film sociétal et engagé dont s’est emparé Joël Dragutin pour cette nouvelle création présentée au théâtre des Halles. Le propos est là, l’engagement aussi : les situations ubuesques, l’aveuglement et l’entêtement d’une Administration impitoyable, l’épuisement psychologique et physique de ses administrés sont ressentis par le public, porté par une mise en scène rythmée au fil des saynètes qui s’enchainent. Pour autant, et ce malgré les comédiens engagés, il manque à ce Moi Daniel Blake l’émotion que l’on y attendait. L’adaptation semble dérouler une à une les scènes clefs du scénario, certes, mais le tout s’enchaine de façon académique et le spectateur, pris par la main, assiste passivement à un exposé didactique sans liant, sans émotion palpable, sans frisson.
Aujourd’hui, beaucoup de scénarios sont adaptés au théâtre. Pourquoi pas si cela a du sens ? Mais sous couvert d’engagement sociétal et politique, on obtient ici un résultat presque scolaire, un travail peu abouti que j’ai trouvé très paresseux. Dommage.
Moi, Daniel Blake, d’après Ken Loach et Paul Laverty
Adaptation Joël Dragutin
Avec : Jean-Louis Cassarino, Jean-Yves Duparc, Sophie Garmilla, Aurélien Labruyère,Stéphanie Lanier, Fatima Soualhia-Manet et Clyde Yeguete
Festival d’Avignon OFF 19, Théâtre des Halles
Réservations au 04 32 76 24 51