L’EFFORT D’ÊTRE SPECTATEUR – Pierre Notte – Théâtre du Rond Point

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De l’absolue nécessité du théâtre

Sans spectateur, le théâtre n’existe pas. C’est un postulat de base auquel on ne pense pas toujours en premier quand on parle de théâtre. Certes, on entendra toujours des noms plus ou moins connus, on citera des metteurs en scène, des comédiens, des auteurs, des titres. Hamlet, Pommerat, Tchekov, Shakespeare, Duras, Bouquet, Nora, … le théâtre est plein de ces noms là, mais eux ne seraient pas grand-chose sans pierre-paul-jacques, sans vous sans moi sans tous ceux là qui le temps d’une représentation restent anonymes, obscures silhouettes toutes tendues vers un seul objectif : vivre pendant quelques heures la vie qui est proposée sur scène.

C’est de ces gens là que nous parle Pierre Notte, pendant une heure et quelques, de ces spectateurs qui le temps d’une représentation vont plonger dans une autre temporalité. Il n’a besoin de rien ou pas grand-chose, des gants de boxe, un cerceau de hula hoop, des escarpins pailletés tout à fait vertigineux, un melodica… Il n’a besoin de rien si ce n’est ces quelques accessoires et les quelques références qu’il invoque pour livrer en un peu plus d’une heure une ode au spectateur. Car ce que nous voulons, nous, spectateurs d’un soir, c’est être surpris, croire en la magie, « consentir nous aussi à la suspension de notre incrédulité », voir cette neige qui ne tombe pas mais non, en fait, elle est bel et bien là, sur scène : nous voulons être cueillis par des mots et des histoires, nous voulons le temps d’une représentation être un groupe, un ensemble, un chœur de spectateurs. Et Pierre Notte le dit très bien : le spectateur travaille, en ce sens qu’il vient au théâtre pour penser, croire, rêver peut-être, sortir, aller ailleurs, mais en aucun cas pour subir passivement. Le spectateur de théâtre ne subit pas, il consent. Le spectateur de théâtre agit, écoute, réagit, il n’est pas devant un écran, il est dans une autre réalité bien palpable, à quelques mètres de lui seulement mais qui l’emmène parfois très loin, par cet effort même auquel il consent.

Pierre Notte, avec cette conférence-cabaret à la fois tout aussi burlesque qu’intelligente, à la fois ode au spectateur mais aussi au théâtre, aux comédiens, aux metteurs en scène, aux auteurs, fait travailler son public : l’écoutera-t-il toujours s’il se dévêt ? Se concentrera-t-il davantage si Pierre Notte tout en parlant fait du hula-hoop ? Sera-t-il émerveillé quand la neige tombera dans la salle Roland Topor ? La réponse est oui, car la magie Notte opère avec son regard pétillant et son sourire malicieux, son énergie débordante et cette absolue évidence que lui, à ce moment-là, à cet instant précis, joue vraiment avec son trou du cul.

 

L’effort d’être spectateur de et par Pierre Notte

Théâtre du Rond-Point jusqu’au 1er décembre, réservations au 01 44 95 98 21

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