LE CÔTÉ DE GUERMANTES – d’après Marcel Proust – MES Christophe Honoré – Comédie Française

Guermantes-2-par-Jean-Louis-Fernandez

Du côté de chez Proust

On n’est pas forcé d’avoir lu Proust, pour assister à l’adaptation que propose Christophe Honoré pour la Comédie Française. On n’est pas forcé d’avoir tout lu, ni même quelques-uns des tomes qui composent cette Recherche… On n’est pas forcé de connaître ces personnages pour s’immerger rapidement dans ce bal des faux semblants qu’orchestre le réalisateur sur la scène du théâtre Marigny.

On s’y laisse prendre, petit à petit, on ne laisse entraîner, dans les pas du jeune Marcel, jeune homme fasciné par une flamboyante aristocratie qu’il aimerait tant côtoyer. Discret, Marcel observe et s’imprègne de cet art de vivre qui le fascine. Que ce soient la duchesse de Guermantes (Elsa Lepoivre, aussi superficielle que touchante) ou son époux le duc de Guermantes (Laurent Laffitte, son fat et insupportable époux), la vieille marquise de Villeparisis (Dominique Blanc, hautaine et sarcastique), le baron de Charlus (Serge Bagdassarian caustique et délicieux) ou bien encore Swan (Loïc corbery), la princesse de Parme (Florence Vialla) le marquis de Saint Loup (Sébastien Pouderoux) ou Rachel (Rebecca Marder) …. Dans le rôle de Marcel, Stéphane Varupenne promène impeccablement sa curiosité et sa candeur dans le sillage des Guermantes. Tous, en ajoutant ceux que je ne peux citer, sont d’une grande justesse et deviennent, sous la direction de Christophe Honoré, leurs personnages flamboyants, leur donnent vie en un regard, un geste, une voix. Travail d’orfèvre pour une troupe impeccablement dirigée.

Il y a quelque chose de terriblement désenchanté dans cette aristocratie qui s’accroche à ses habitudes, qui sait déjà au fond d’elle-même, que tout va changer et que tout va s’éteindre en cette fin de XIXe siècle, en pleine affaire Dreyfus. Christophe Honoré parvient, et dans sa direction d’acteur et dans sa mise en scène sobre et terriblement élégante, à distiller par-dessus ce scintillement superficiel la mélancolie de cette famille pour les jours anciens. En installant son décor dans un hall d’immeuble bourgeois cerné de candélabres, en habillant ses comédiens de costumes intemporels et raffinés, en ajoutant une playlist contemporaine jouée en live par les comédiens, ou encore une vidéo, il fait souffler sur ce Guermantes un air à la fois suranné et moderne, une atmosphère aussi mélancolique que raffinée, parfois cruelle, parfois triste, souvent drôle et toujours d’une très belle élégance.

Le spectateur de se laisser entraîner dans ce bal inattendu, où l’or se mélange au sarcasme, l’envie au désir, le plaisir à la solitude.

Le côté de Guermantes, d’après Marcel Proust

Adaptation et mise en scène : Christophe Honoré
Costumes : Pascaline Chavanne
Lumière : Dominique Bruguière
Avec : Claude Matthieu, Anne Kessler, Eric Genovese, Florence Viala, Elsa Lepoivre, Julie Sicard, Loïc Corbery, Serge Bagdassarian, Gilles David, Stéphane Varupenne, Sébastien Pouderoux, Laurent Laffitte, Rebecca Marder, Dominique Blanc, Yoann Gasiorowski

Comédie Française, au théâtre Marigny jusqu’au 15 novembre

Durée 2h30

 

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