Le 5 novembre 2015, le barrage de Mariana, dans l’état brésilien du Minas Gerais, rompait.
Une boue rouge, couleur du sang, s’est déversée sur le village de Bento Rodrigues, engloutissant les maisons et contaminant le Rio Doce pour des décennies.
Au coeur de cet accident qui n’en est pas vraiment un, on trouve une Sirène dévoyée, le jeune Augusto en crise avec Dieu, une Ministre de l’Environnement corrompue et le Président de la Société Samarco.
Tous barbotent dans l’apocalypse à leur manière et se demandent : n’aurait-on pas pu prédire la catastrophe ?
La compagnie Syncope Collectif se base sur un fait réel survenu en 2015 : le barrage de Mariana, situé au Brésil, rompait. Le barrage, utilisé pour stoker les déchets produits par la mine de fer voisine, va déverser 60 millions de mètres cubes de boue toxique : de verte la nature devient rouge, les conséquences seront terribles pour la flore, la faune et les habitants de cette région.
C’est cette histoire que vient raconter la compagnie Syncope collectif : causes, responsables, conséquences, les jeunes comédiens retracent le drame depuis son origine, traquant les responsabilités, toutes plus collectives qu’individuelles. Politiques, industriels, communicants, tous les acteurs de l’écocide sont dessinés avec causticité : le contraste entre leurs doutes et leur humanité, qui point régulièrement, et leur opportunisme rend leur cynisme encore plus frappant.
Avec ses nombreuses projections vidéo et jeux de lumière, la création du collectif est avant tout visuelle et sonore : la jeune équipe alterne séquences video et chorales dans une scénographie très esthétisée. La forme prend quelquefois le pas sur le fond, et on aurait apprécié que soient creusées certaines thématiques comme les conséquences à moyen et long terme de ce désastre. Il n’empêche : les jeunes comédiens, portés par le message qu’ils portent au travers ce spectacle politique, débordent de vitalité et d’énergie : malgré quelques cassures de rythme qui viennent parfois ralentir l’action, notamment après les intermèdes choraux, on ne peut qu’apprécier leur enthousiasme et leur jeu ultra convaincu, et convaincant.
Au travers ce drame qui prend des couleurs de farce (farce des politiques, farce des communicants, farce des industriels), la production du Syncope collectif – aussi visuelle que percutante – est un spectacle engagé et nécessaire. C’est aussi et surtout pour ça que le théâtre existe : témoigner, dire, expliquer, et, espérons le, prévenir.
Tout ce qu’il y a dans le ventre des poissons, de Mathilde Belin – Syncope collectif




Sources photos et video : https://webdoc.france24.com/bresil-barrage-mariana/